30.09.2010
La citation du jeudi: Les portes
"Fait curieux, les petits garçons ont plus peur que les petites filles de leur baby-sitter. Cela vient en général du fait que les petites filles et les baby-sitters - qui sont en gnénéral des filles un peu plus grandes - appartiennent à la même espèce, et par conséquent se comprennent plus facilement. A l'inverse, les petits garçons ne comprennent pas les filles. Pour un garçon, être surveillé par une fille revient à peu près au même qu'être surveillé par un requin quand on est un hamster. Si vous êtes un petit garçon, cela vous réconfortera peut-être de savoir que même les grands garçons ne comprennent pas les filles et que les filles, pour la plupart, ne comprennent rien aux garçons. Ce qui rend la vie des adultes particulièrement intéressante."
4e de couv: "Au coeur des montagnes suisses, un groupe de scientifiques travaille sur un accélérateur de particules duquel, suite à une erreur, semble s'être échappé un mystérieux élément.
Peu de temps après, Samuel, 11 ans, et son chien Boswell croisent leurs étranges nouveaux voisins du 666 Crowley Road, les Abernathy, qui semblent s'adonner à des rites sataniques.
Avec Nurd, un démon apparu sous son lit, Samuel entreprend de déjouer les plans diaboliques de Mrs Abernathy qui a ouvert les portes… de l'enfer.
Si, au départ, personne ne veut croire Samuel quand il parle de crânes volants ou d'un infâme évêque ressuscité, force est de constater que Satan s'apprête à faire son grand retour"
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28.09.2010
Rosée de feu - Xavier Mauméjean
1944. Le Japon met en oeuvre la stratégie de la dernière chance, celle des attaques suicides défendue par le capitaine Obayashi. Tatsuo Hanada, lui, escorte les pilotes volontaires. Son petit frère, Hideo, vit le quotidien des civils en temps de guerre.
Rosée de feu est un roman pour le moins étonnant, un de ces drôles de mélanges dont Xavier Mauméjean est coutumier. C'est un roman historique, sans aucun conteste, au regard de la réalité des événements rapportés, mais un roman historique porté par des dragons qui n'ont rien en commun ou presque avec leurs frères de fantasy et porté par une écriture sèche, presque clinique qui écarte soigneusement toute sensationnalisme. e l'avoue, au départ, cette sobriété m'a un peu refroidie. Puis j'ai été gagnée par le cheminement vers l'inéluctable, la tension qui empreint le récit. La postface qui permet de mieux appréhender la construction du récit et l'alternance des voix, hommage à un art japonais et aux éléments de la pensée chinoise m'a permis, après coup, d'avoir un éclairage différent sur ce que je venais de lire, de l'ancrer un peu plus dans "l'esprit" japonais.
Trois personnages principaux, trois points de vues permettent de découvrir le Japon en guerre: celui d'un enfant de six ans dont l'innocence ne résiste pas à la découverte de la réalité des adultes, celui d'un jeune homme de vingt ans usé par les combats, celui d'un gradé prêt à tout pour que l'espoir du Japon ne meurt pas. Importance de la tradition martiale, place de l'empereur, affrontements politiques et stratégiques, endoctrinement, propagande, nationalisme, patriotisme, le tableau est complet et fin, ne jugeant à aucun moment mais exposant des fait affrontés à une culture et une société accrochée à ses traditions, donnant par là des éléments de compréhension de l'attitude du peuple japonais pendant la guerre. Ce que j'ai trouvé fascinant, c'est d'aborder la guerre du "mauvais côté". On dépasse les témoignages de guerres, le plus souvent ceux des vainqueurs, l'imagerie de guerre comme celle portée par des romans, des films, ou des bandes dessinées comme Buck Danny pour aborder la guerre côté japonais, la complexité des derniers mois du conflit et du phénomène des kamikazes bien moins simple que ce qu'on a pu en imaginer.
La sobriété du ton rend d'autant plus terrible l'horreur de la guerre. Nul besoin d'en rajouter, les chiffres parlent d'eux-mêmes, la description des dégats aussi, des résultats des frappes du Shimbu sur les navires américains à la prise de Nankin en passant par la destruction de Tokyo et les batailles terrestres. Quand à l'impact des citations d'époque, il en est renforcé. Le plus déstabilisant, ceci dit est le mélange des faits et de ces dragons qui induisent une sorte de distorsion. On est dans le réel, le vrai (dans la mesure ou l'histoire est "vraie", mais je ne vais pas me lancer dans une longue digression sur la vérité et la fiabilité en histoire, quoi que, ça aurait sans doute été moins long que cette parenthèse que, rassurez-vous, je vais refermer), mais pas tout à fait. Les chasseurs, avions de reconnaissance et autres bombardiers sont remplacés par des dragons qui ont des caractéristiques "techniques", un personnel attaché à leur entretien, un peu comme des machines, mais organiques, un peu comme les chevaux et autres animaux utilisés pendant les guerres jusqu'en 1918. Ce sont des animaux, présents dans les plus anciennes légendes, mais des animaux qu'on élève et avec lesquels les pilotes ont des relations qui ressemblent un peu à celle qu'un cavalier pourrait avoir avec un cheval.
Je m'arrête là. Vous aurez compris que je conseille chaudement: aux amateurs d'histoire, à ceux de science-fiction et à tous ceux qui aiment qu'on les secoue.
Mauméjean, Xavier, Rosée de feu, Le Bélial, 2010, 263p, 4.5/5
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27.09.2010
Le testament d'Olympe - Chantal Thomas
Milieu du 18e siècle, Ursule et Appoline grandissent dans une famille religieuse dont le père, adepte de la Providence et la mère, quasi mystique, s'abandonnent au bon vouloir de Dieu jusqu'à sombrer dans la misère. Si Appoline ne voit rien ou presque, Ursule, rongée par l'ambition et la volonté de se libérer d'une vie médiocre s'enfuit. Deux soeurs, deux vies, jusqu'au jour où Appoline retrouve sa soeur mourante et découvre à travers un manuscrit qu'elle laisse derrière elle le récit de ses aventures, de son départ pour Paris dans les bagages du duc de Richelieu à sa déchéance après les fastes du statut de maîtresse royale.
S'il est une chose qu'il faut reconnaître à ce roman, c'est l'art avec lequel son auteur a su peindre le 18e siècle, lui gardant les teintes de l'authencité tout en y déployant une saga pleine de rebondissements et de ressorts dramatiques. Dans Le testament d'Olympe, deux soeurs, deux voix, deux destins de femmes et deux regards sur la condition féminine. Appoline la sage, entrée au couvent et destinée à devenir une soeur faute de pouvoir prétendre au mariage. Ursule la révoltée, fuyant pour trouver enfin un espace où déployer sa nature passionnée. Chacune à sa manière déjoue le destin qui les amenaient à subir leur condition de femme: ne pas pouvoir devenir épouse et mère faute d'argent et par conséquent, finir vieille fille s'occupant de ses parents, ou vierge consacrée à Dieu. Toutes deux vont subir de plein fouet les drames d'un 18e siècle dont les déséquilibres, les conflits et les drames annoncent déjà le déclin et la chute de la monarchie française, la décadence d'une famille royale qui peine à assumer l'héritage du Roi Soleil.
On découvre ainsi par le petit bout de la lorgnette l'histoire de France marquée par les conflits religieux et politiques, les moeurs d'un temps où le libertinage côtoyait la religion. A travers la famille d'Appoline et Ursule, on devine les méandres religieux, du jansénisme et de ses avatars, le retour à la rigueur religieuse, la vie d'une épouse prépetuellement enceinte. A travers les aventures Appoline, on découvre le destin d'une jeune fille pauvre destinée au couvent ou à la mort, la dûreté d'un temps où les orphelinats et les écoles étaient des mouroirs et où seuls les plus solides des enfants survivaient quand ils n'étaient pas enlevés et vendus. A travers Ursule devenue Appoline c'est celui d'une courtisane avec ses gloires, ses fastes et ses chutes brutales et sans rémission, la cruauté du monde de la cour et les débauches des puissants. Partout des portraits de femmes, effrayant dans ce qu'ils disent de la condition des femmes partout soumises au bon vouloir des hommes dont dépendent et d'une société qui ne pardonne pas le moindre faux pas.
Chantal Thomas brosse un portrait vivant, passionnant, cru et réaliste de l'époque, malheureusement déservi par la construction du roman en deux monologues et le parti pris d'utiliser des ressorts romanesques qui, pour rappeler les oeuvres de l'époque, n'en sonnent pas moins artificiels. C'est parfois trop rapide, parfois trop outré mais écrit avec talent et un style brillant, convaincant.Et puis il y a cette galerie de personnages pittoresques, des plus puissants aux plus modestes, à laquelle faute de s'attacher vraiment, on prend de l'intérêt. Il ne manquait pas grand chose pour que ce soit un coup de coeur, ce sera juste une lecture agréable. Mais c'est déjà ça!
Thomas, Chantal, Le testament d'Olympe, Le Seuil, 2010, 306p.
11:32 Publié dans Littératures françaises | Lien permanent | Commentaires (11) | Envoyer cette note
23.09.2010
The best arsenal in the world
"- You want weapons? We're in a library. Books! Best weapons in the world! This room is the greatest arsenal we could have."
Parce que c'est lui, parce que je l'aime, parce que cet épisode, je l'ai regardé une centaine de fois sans jamais m'en lasser et que je suis repartie dans la saison 2. Parce que c'est là que j'ai définitivement craqué pour un certain David T. Doctor's rule!
Doctor Who, season 1, ep. 3: Tooth and Claw: ou ce qu'il se passe quand la reine Victoria croise la route d'un Doctor, d'une Rose et d'un loup-garou.
Edit 20h
Amanda
Ankya
Anne
AnneLaureT
Aurel
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22.09.2010
Un drôle de père - Yumi Unita
Daïkicih, 30 ans, célibataire n'est pas précisement un bourreau des coeurs. Ce qui ne l'empêche pas d'être un coeur d'artichaut et de sombrer devant les beaux yeux de Rin, 6 ans, la fille illégitime de son grand-père. Rin dont personne ne veux s'occuper et qu'il va prendre en charge à sa propre surprise. C'est le début d'une drôle de famille.
Et un coup de coeur! Un drôle de père est un petit bijou de manga, plein de finesse, d'humour et qui aborde pourtant bien des thèmes graves et prend un angle pour le moins original pour parler famille monoparentale. Pas de mère célibataire ou divorcée, ici, mais un célibataire assez peu porté sur les choses familiales, certainement pas prêt à assumer une relation de couple qui se retrouve avec une enfant de 6 ans à charge et pas le plus petit début d'une idée de ce qu'il convient de faire. On le suit dans sa découverte du monde merveilleux et sans pitié des crèches et autres écoles, dans l'univers impitoyable des rayons enfants des grands magasins d'habillement, dans sa découverte estomaquée de la vie épuisante d'un papa. C'est drôle, vraiment très drôle et en même temps débordant de tendresse. Pour Daïkichi, l'impulsion d'un moment prend les couleurs d'un amour fou et de l'apprentissage d'une paternité pas comme les autres. Pour Rin, c'est après une enfance étrange et l'absence de sa mère qu'elle ne connaît pas une nouvelle vie. On la voit s'éveiller, prendre confiance en elle et apprendre à avoir confiance dans les adultes qui l'entourent.
On a une vision assez étonnante de l'éducation et du quotidien avec un enfant, de la place du père et surtout de la femme dans la société japonaise, de la famille et de ce qu'elle représente à la fois culturellement et universellement. Le tout décrit avec finesse et humour, sans oublier les problèmes quotidiens. On s'attache aux personnages, on prend plaisir à les voir évoluer, se découvrir, s'apprivoiser et s'aimer.
Je n'ai pas encore lu les deux derniers tomes, ceux dans lesquels Rin est devenue une fort jolie adolescente, mais je ne vais pas tarder à sauter dessus avec enthousiasme!
Bref, une jolie histoire à découvrir, et à savourer sans modération!
Unita, Yumi, Un drôle de père, Delcourt, Akata, série en cours, 7 tomes disponibles.
07:02 Publié dans Côté soleil levant | Lien permanent | Commentaires (13) | Envoyer cette note | Tags : entrer des mots clefs
20.09.2010
Rosa Candida - Audur Ava Olafsdottir
Arnljotur a 22 ans,un frère jumeau autiste, un vieux père octogénaire qui le verrait bien biogénéticien ou quelque chose comme ça, une petite fille accidentelle et une passion dévorante pour le jardinage qui l'amène dans un village perdu pour restaurer la roseraie mondialement renommée d'un monastère. Histoire de remettre en place ses idées un brin confuses sur le monde et la vie. Mais même au bout du monde, on n'est pas à l'abri de quelques rencontres...
Un petit bijou, un moment de bonheur confortable comme un vieux canapé recouvert d'un plaid douillet, un banc à côté d'une fontaine un jour de beau temps, un fruit mûr qu'on déguste... J'en ai encore plein comme ça pour qualifier ce joli roman initiatique aux dehors simples et avenants et au contenu plein de poésie. Rosa Candida est emplit de ces petits moments qui rendent la vie plus belle et qui donnent envie d'avancer. Emplit d'humour et de confiance dans l'humanité. De questions qui ne trouvent pas forcément de réponses mais qui vous construisent petit à petit.
A sa manière, malgré ses doutes et ses interrogations existentielles, ou peut-être un peu grâce à elles, Arnljotur rend le monde autour de lui plus beau, change les gens en se trouvant une place dans le monde: celle d'un jardinier, celle d'un père et d'un fils, d'un frère. On suit ses tribulations avec le sourire, ses questionnements avec un sentiment d'empathie qui donne envie de l'entourer de ses bras pour le réconforter. La vie, la mort, l'amour, la paternité, il se pose de sombres questions Arnljotur, se heurte aux aléas de la vie, mais cela ne l'empêche pas de répandre autour de lui de la lumière, de la confiance et l'odeur des roses qu'il s'applique à faire revivre. On voudrait parcourir avec lui les routes, la forêt, les rues de ce village qu'on devine inondé de lumière, on voudrait regarder un film chinois sans les sous-titres avec une petite liqueur de cerise et un abbé dont la réponse à toutes les questions se trouve dans les films qui tapissent les murs de sa chambre. On voudrait le même vieux père et ses expériences culinaires, et découvrir la rosa candida et ses huit pétales, et contempler avec une petite fille aux boucles blondes et aux quelques dents un enfant Jésus qui lui ressemble étrangement.
C'est un roman gourmand, plein de vie, d'odeurs, de couleurs, et de cuisine! Il m'est venu au fil des pages l'envie de cuisiner des boulettes de viande et de poisson, de la soupe de cacao, une paëlla et du pot-au-feu, du pâté nappé de sauce aux champignons, l'envie de me promener dans un jardin.
Pas besoin de grandes envolées et de profondes réflexions pour regarder la vie en face. Parfois, un roman débordant de douceur suffit. Rosa Candida est de ceux-là. En ce qui me concerne, comme Cathulu et Cuné, je suis séduite. Il rejoint tous ceux qui me font du bien et vers lesquels je retourne les jours de grisaille.
Olafsdottir, Audur Ava, Rosa Candida, Zulma, 2010, 332p., 5/5
"Les hommes passent leur vie à la recherche d'eux-mêmes. On n'arrive jamais à une conclusion définitive en ce domaine."
07:00 Publié dans Littératures d'Europe de l'Ouest | Lien permanent | Commentaires (20) | Envoyer cette note
18.09.2010
Un autre amour - Kate O'Riordan
Connie et Matt sont le couple parfait: unis depuis l'adolescence, toujours amoureux, parents de trois garçons, propriétaires d'une belle maison, entourés. Jusqu'à ce que Connie rentre seule d'un voyage en amoureux à Rome. A son amie Mary et à ses fils, elle raconte que Matt est resté à un congrès professionnel, à d'autres qu'il a été victime d'une commotion... Une commotion dont le nom est Greta et qui va tout remettre en cause...
La premier qualificatif qui me vient à l'esprit quand je repense à Un autre amour c'est "finesse". Parce que de bout en bout, malgré un sujet difficile, scabreux même, Kate O'Riordan réussit à éviter les clichés rebattus de l'adultère et de la crise de la quarantaine pour se concentrer sur les ondes de choc d'une rencontre. Pas n'importe quelle rencontre d'ailleurs: quand Matt et Connie croisent par hasard, ou presque Greta, c'est un premier amour qui remonte au jour, des relations amicales et une fascination qui ont marqué leurs jeunesses. Pas de jeunette donc, pas de gentil et de méchant, mais une réflexion acérée et toute en nuance sur l'amour et l'amitié, sur le temps.
Kate O'Riordan imbrique avec patience les points de vue, distille les indices qui laissent deviner, sous le masque que porte chacun, les êtres bruts avec leurs doutes, leurs mesquineries, leurs peurs et l'amour qui les dévore, la solitude. Pourtant, pas d'hypocrisie, l'amour est vrai, l'amitié aussi, mais il y a des failles, des rancoeurs, et de pages en pages, les personnages s'affirment dans leur complexité, deviennent de plus en plus attachants, d'autant plus attachants qu'ils apparaissent terriblement réels. Marqués par leur famille, par leur éducation. Marqués par leurs relations amoureuses. Marqués par leurs amitiés. Mary par exemple est un personnage terrible avec sa solitude qui la ronge, le bonheur qu'elle trouve avec la famille de Connie et Matt, sa terreur de les perdre. Matt, qui essaie d'être un homme bien, qui se pense un homme bien et qui se rend compte de la trahison dont il est capable envers celle qu'il pensait aimer. Connie qui mène son petit monde à la baguette, toujours menée par la peur de recevoir, de se décevoir. Même ceux qui ne font que passer sont plus que des silhouettes, sans doute parce que les rencontres, même brèves, mêmes professionnelles, même de hasard peuvent changer le cours d'une vie ou changer une personne. Tout sonne juste, des réactions des enfants à celle des parents et de Greta.
Kate O'Riordan rappelle avec brio à quel point il est difficile de comprendre et de juger une crise comme celle que traverse ce couple si comme il faut.
Un autre amour, c'est aussi un roman sur les insatisfactions, sur les rôles qu'on joue pour trouver sa place, des rôles qu'on a construit pour se protéger et qui deviennent essentiels:
" C'était pitoyable: même avec sa meilleure amie, celle à qui elle confiait la vie de ses enfants, elle jouait un rôle. Mère de trois garçons, épouse de leur père, soeur, fille. On serrait les dents, on continuait, on se levait tous les matins, on s'habillait et on mettait du mascara et du rouge à lèvre, on disait: "Bien, merci et vous?" Si on perdait cette personnalité, celle qu'on avait façonnée, il était impossible de savoir qui on trouverait pour la remplacer."
Or, tous les personnages jouent un rôle, Connie, Matt, Mary, jusqu'à ce qu'ils se retrouvent mis à nu dans cette crise et face à la vie qu'ils se sont construits:
"Elle avait eu ce qu'elle voulait et elle était paradoxalement fâchée contre elle-même d'avoir voulu si peu."
Finalement, même si on atteint ce que l'on a voulu de toutes ses forces, ce n'est pas toujours suffisant:
"Au fond de lui-même, Matt pensait que les gens naissaient avec une aptitude au bonheur ou que, comme pour sa mère, celui-ci ne venait tout simplement pas facilement à eux, voire pas du tout. Pour elle, il restait un objet lointain, une lueur attendant au bout de tunnels sombres. Elle avait beau essayer de toute ses forces, elle ne parvenait pas à s'extirper du labyrinthe d'obscurité pour atteindre cette lumière. Il avait fait consciemment l'effort tout au long de sa vie d'être aussi heureux que possible à chaque moment et dans toutes les circonstances. Il avait travaillé dur, goûté différents degrés de réussite, apprécié sa vie de famille et sa maison. Il aurait trouvé indécent de désirer autre chose, de reconnaître un insatisfaction. Aujourd'hui, tout cela lui semblait un point de vue naïf et simpliste. Ce qui était présent ne compensait pas forcément ce qui était absent."
Ce ne sont là que quelques aspects de ce roman foisonnant, froid et en même temps débordant d'émotions, de colère et d'amour. Kate O'Riordan redonne à une situation statistiquement banale, sa dimension humaine et sa complexité. C'est brillant et touchant.
"Les peines les pires sont celle qu'on ressent quand quelqu'un ne veut surtout pas vous en faire."
Cathulu, Khatel,...
O'Riordan, Kate, Un autre amour, Joëlle Losfeld, 2010, 300p., 5/5
07:00 Publié dans Littératures anglo-saxonnes | Lien permanent | Commentaires (12) | Envoyer cette note
16.09.2010
La citation du jeudi: Rosa Candida
"C'est peut-être inhabituel pour un type de vingt-deux ans d'éprouver une telle joie d'être en vie, mais je trouve qu'il y a ample motif à réjouissance après les vicissitudes des jours passés. Il n'y a pas de jour ordinaire tant qu'on est en vie, tant que ses jours ne sont pas comptés."
"Le jeune Arnljótur va quitter la maison, son frère jumeau autiste, son vieux père octogénaire, et les paysages crépusculaires de laves couvertes de lichens. Sa mère a eu un accident de voiture. Mourante dans le tas de ferraille, elle a trouvé la force de téléphoner aux siens et de donner quelques tranquilles recommandations à son fils qui aura écouté sans s'en rendre compte les dernières paroles d'une mère adorée. Un lien les unissait : le jardin et la serre où elle cultivait une variété rare de Rosa candida à huit pétales. C'est là qu'Arnljótur aura aimé Anna, une amie d'un ami, un petit bout de nuit, et l'aura mise innocemment enceinte. En route pour une ancienne roseraie du continent, avec dans ses bagages deux ou trois boutures de Rosa candida, Arnljótur part sans le savoir à la rencontre d'Anna et de sa petite fille, là-bas, dans un autre éden, oublié du monde et gardé par un moine cinéphile."
Edit 22h
Anne
AnneLaureT
Bookworm
Caro[line]
Cathulu
Choupynette
Chrys
ClaudiaLucia
Cuné
Delphine
Don Lo
Doriane
George
Herisson08
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Lucie
Lystig
Maijo
Mango
Marie
Marie L.
Mirontaine
Naolou
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Océane
Ofelia
Papillotte
Sara
Sofynet
Stéphanie
Stephie
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14.09.2010
Vango - Thimotée de Fombelle
Paris, Notre-Dame, avril 1934. Sur le parvis, Vango Romano s'apprête à être ordonné prêtre lorsque tout bascule: la police tente de l'arrêter, un mystérieux tueur lui tire dessus. Le jeune homme prend la fuite sans savoir que c'est le début d'une course-poursuite qui va l'amener à savoir enfin, qui il est et d'où il vient.
Foisonnant, enthousiasmant, passionnant sont quelques uns des termes qui me viennent à l'esprit quand je repense à Vengo. Rien que ça oui. Et plus encore en fait. Vengo est un roman extrêmement riche qui campe des personnages attachants et tire parti de la période de l'entre-deux-guerre pour construire une intrigue passionnante et qu'on devine devenir de plus en plus dense, complexe, et fascinante. A priori pourtant, rien de très original puisqu'il s'agit d'une quête des origines. Déjà vu, déjà lu. Mais Thimotée de Fombelles entremêle le destin de son personnage principal avec les drames européens du début du 20e siècle, de la Première guerre mondiale en passant par la montée du nazisme, le stalinisme sans jamais oublier qu'avant tout, il raconte une histoire d'aventure. C'est du coup bourré de rebondissements et de changements de point de vue qui rendent le tout dynamique et permettent de s'attacher aux divers personnages. Il faut dire que de Vengo à Ethel l'écossaise, en passant par le moine Zefiro, Eckener et les autres, il y en a pour tous les goûts. Tout ce petit monde se croise, se recroise, se perd, fuit, court, grimpe, vole, ça n'arrête jamais pour le plus grand plaisir du lecteur qui a bien du mal à lâcher son bouquin. Et visite au passage une bonne partie de l'Europe tout en révisant sans en avoir l'air son histoire du 20e siècle.
Sans vouloir avoir l'air d'être dithyrambique, je me permets de souligner au passage que l'intrigue, policière mais pas que se tient parfaitement et que le tout est servi par un style fluide, soutenu sans jamais paraître précieux et qui sonne juste, fait de chaque personnage bien plus qu'une ombre de papier, même ceux qui ne font que passer. On suit avec passion cette quête des racines qui rappelle, en filigrane, l'importance de savoir d'où l'on vient et qui l'on est, pour grandir.
Il n'y a pas à dire, Vengo est porté par un sacré souffle. Vivement la suite!
Au passage, j'aimerais bien rencontrer Mademoiselle moi!
"Mademoiselle était une magicienne de la cuisine.
Sur son petit fourneau de pierre, au bord de cette île perdue en Méditerranée, elle faisait chaque jour des merveilles qui auraient fait pleurer les gastronomes des plus grandes capitales. Au fond de ses poêles profondes, les légumes faisaient une danse ensorcelante dans des sauces dont l'odeur montait à la tête et à l'âme. Une simple tartine de thym devenait un tapis volant. Les gratins vous tiraient des larmes alors que vous n'aviez pas encore passé le pas de la porte. Et les soufflés... Mon Dieu. Les soufflés seraient allés se coller au plafond tant ils étaient légers, volatils, immatériels. Mais Vango se jetait dessus avant qu'ils s'évaporent.
Mademoiselle préparait des soupes et des feuilletés impossibles. Elle faisait lever à la main des mousses aux parfums interdits. Elle servait le poisson dans des jus noirs au goût d'herbes inconnues qu'elle trouvait entre les pierres.
Vango avait cru longtemps qu'on mangeait ainsi dans toutes les maisons. Il n'avait d'ailleurs jamais rien goûté en dehors de chez lui. Mais, depuis le jour où l'on avait fait venir le docteur pour une pneumonie du petit garçon, quand il avait cinq ou six ans, il avait compris que Mademoiselle n'était pas une cuisinière comme les autres."
Fombelle, Thimotée de, Vango, Gallimard Jeunesse, 2010, 370p., 5/5
07:00 Publié dans Littérature pour "Adolescents" | Lien permanent | Commentaires (10) | Envoyer cette note
12.09.2010
Starfish - Peter Watts
Le soleil n'a pas touché ces eaux depuis un million d'années.
Les atmosphères s'y accumulent par centaines, les fosses pourraient avaler douze Everest sans le moindre rot. On dit que la vie elle-même a commencé au fond des océans. Possible. Sa naissance n'a pas dû être facile, à voir ce qu'il en reste..."
D'un côté (mais d'un côté seulement hein, pas besoin de commencer à taper), pour vous donner une idée, j'ai pensé à Abyss, le film de Cameron. De l'autre, Starfish explose totalement Abyss. Abyss c'est beau, c'est la découverte d'une nouvelle forme de vie, c'est le combat d'une joyeuse et sympathique équipe de branquignoles contre de méchants militaires en proie au mal des profondeurs. J'ai adoré. Starfish, c'est une bande de psychotiques lâchés en milieu hostile et manipulés par un consortium aux intentions pas franchement avouables. J'ai adoré aussi.
07:00 Publié dans Portail vers l'Autremonde | Lien permanent | Commentaires (9) | Envoyer cette note | Tags : sf, grands fonds, névroses, un mélange explosif oui et c'est très bien comme ça