13.06.2011
Le vent dans les saules - Kenneth Grahame
Il y a Rat l'amoureux de la rivière, Taupe le pantouflard, Blaireau le sage, Crapaud l'irresponsable. Quatre amis qui au fil des saisons affrontent les aventures de la vie quotidienne et les cataclysmes provoqués par l'inénarrable Crapaud. Heureusement, il y a l'amitié qui donne le courage de tout affronter. Même les infâmes belettes et les horribles hermines.
L'univers de Rat, Taupe, Blaireau et Crapaud, je l'ai d'abord découvert sous le pinceau plein de tendresse et de poésie de Michel Plessix, une superbe adaptation en bande-dessinée qui m'a donné envie de partir à la découverte de ce classique de la littérature anglaise et de la magie qu'on pouvait y deviner. Et de la magie, j'en ai trouvé. Magie d'un conte créé par un père pour son enfant, qui déroule des aventures hautes en couleur et en péripéties où le tragique se mêle à l'humour pour délivrer un message tout en finesse. C'est que le jeune Mouse à qui étaient destinées ces histoires avait un caractère intrépide, sans aucun doute plus proche de celui de Crapaud que de celui de Blaireau. Mais... tout n'est pas si simple, et si Crapaud est un infernal fanfaron et risque-tout, c'est aussi un ami fidèle et capable de s'amender. Et qui est sage n'est pas ascète, Blaireau sait parfaitement profiter de la vie.
Par-dessus tout, Le vent dans les saules chante l'amitié, le bonheur de partager du temps avec des gens qu'on aime. Pas des gens parfaits, non, mais des gens qu'on prend comme ils sont, avec leurs défauts, avec leurs qualités et qui illuminent le quotidien. Des gens sur qui on peut compter, pour qui on peut sacrifier du temps, des choses, des désirs. Voir ces quatre amis vivre ensemble, rire, se disputer, se consoler, permettre aux trois autres d'être eux-même ou de se dépasser est un bonheur, tout comme de les suivre dans cette campagne et cette forêt qu'on sent bruire de vie à chaque page.
Je laisse la parole pour terminer à Alberto Manguel, qui résume idéalement ce que je pense de ce petit bijou: " Oui, il s'agit bien d'un livre magique. Quelque chose en lui réenchante le monde, le repeint inlassablement d'une nouvelle couche de myst-re. J'envie le lecteur qui s'apprête à ouvrir ces pages pour la première fois; il va pénétrer dans un pays accueillant où l'attendent des compagnons qui, de toute sa vie, ne le quitteront plus."
A noter, la couverture et le texte sont illustrés de dessins d'Arthur Rackham, pleins de charme.
Plaisirs à cultiver,...
Grahame, Kenneth, Le vent dans les saules, Phébus, Libretto, 2011, 215p., 4/5
19:33 Publié dans Littérature jeunesse, Littératures anglo-saxonnes | Lien permanent | Commentaires (12) | Envoyer cette note
18.10.2010
Panthère - Carl Hiaasen
On pourrait croire que quand votre professeur de biologie honnie et unanimement détestée disparaît dans de mystérieuses conditions, vous allez pousser un soupire de soulagement. Et bien non. En tout cas, pas quand on s'appelle Nick et que la situation apparaît un brin... compliquée.
Un polar. Un polar pour la jeunesse. Un polar pour la jeunesse avec de l'écologie au menu. Autant dire que les choses partaient mal entre Panthère et moi. Catégorie soupe à la grimace même. N'eusse été l'ardente obligatin professionnelle, je n'aurais sans doute pas envisagé une seconde d'ouvrir Panthère. Et j'aurais eu tord. Parce que c'est fichtrement bien écrit, parce que c'est drôle, parce que ça parle d'écologie sans en faire des tonnes et sans céder à l'effet de mode, parce que... C'est un sacrément bon moment de lecture!
Allons-y pour le détail et quelques explications, notamment sur ma légère crispation écologique. Ce n'est pas que je sois réfractaire à la chose, bien au contraire, mais l'effet de mode type coton 100% bio et équitablo-gentil pour la planète a tendance à me fatiguer un peu. Sans parler des gros plans avec musique dégouinante sur les bébés phoques. Tout comme la déferlante développement durable. J'aime qu'on me parle avec conviction et intelligence des choses et c'est ce que fait Carl Hiaasen. D'accord, il y a un méchant. Enfin, un crétin pour être plus exacte. Et un cupide. Et des inconscients. Mais Panthère, ce n'est pas seulement une lutte entre un méchant qui fait du mal à la nature et un gentil qui la défend. C'est la construction d'une conscience écologiste, l'envie de préserver son cadre de vie et la beauté de ce cadre de vie, la prise de conscience de l'importance de la biodiversité, de la nécessité de la protection des espèces en voie de disparition, c'est une jolie exploration sans jugement des différentes manière de lutter pour cela, entre activisme jusquauboutiste aux méthodes parfois sujettes à caution et engagement militant. Autour de ce thème fort, plein de belles choses sur l'amitié, les relations familiales, la marginalité, les apparences, la guerre, toute une trame qui rend le récit consistant et les personnages attachants, avec la touche d'humour et d'ironie parfaite pour éviter le pathos.
C'est simple et en même temps bourré de suspense et de surprises, de moments de tendresse et d'action. J'avoue avoir particulièrement aimé le fait que les personnages d'un autre roman de Hiaasen, pour adulte celui-ci, se retrouvent dans Panthère. Cela m'a donné envie d'aller ouvrir ses autres romans pour tout dire!
Hiaasen, Carl, Panthère, Gallimard jeunesse, 2010, 363p. 4.5/5
07:00 Publié dans Littérature jeunesse, Polars | Lien permanent | Commentaires (9) | Envoyer cette note
05.05.2010
Les soeurs Eden et la marque du dragon - Lyn Gardner
Au manoir Eden, après les péripéties provoquées par le maître des loups, la vie a repris son cours normal entre soucis pécuniaires, madeleines, expéditions en forêts et petites révoltes domestiques. Une existence bien trop routinière pour Alice qui voit avec bonheur une fête foraine s’installer dans les parages : barbe à papa, grande roue, train fantôme, l’endroit parfait pour s’amuser. Mais dans l’ombre des attractions se cache une sorcière déterminée qui veut s’approprier non seulement la flûte, mais aussi le cœur d’Aurore.
Ou les sœurs Eden sont de retour pour notre plus grand bonheur. Après un premier volume follement enthousiasmant, on pouvait craindre que l’auteur ne parvienne pas à rester à la hauteur, ou du moins à renouveler le terreau sur lequel elle avait bâti les débuts des sœurs Eden. Mais force est de constater que Les sœurs Eden et la marque du dragon est une petite merveille même si l’effet de surprise est passé. Le récit est toujours passionnant et dynamique, le suspense bien présent et le tout agréablement inventif. Si dans le premier volume, Lyn Gardner s’attaquait aux grands classiques des contes, là, elle joue avec les codes, les personnages et les grands récits de la mythologie grecque, avec les contes, toujours (principalement Blanche-Neige d’ailleurs), et avec les classiques de la littérature. On croise ainsi au détour d’une page le miroir de Dorian, la boîte de Pandore, les sept nains qui ont manifestement du se faire arnaquer par Boucle d’Or, une méchante marâtre un peu, voire très sorcière sur les bords, un loup aux dents acérées, Hermès et Prométhé, un dragon affamé, une Nico transformée en grenouille, le baiser de Blanche-Neige et une foule d’autres petites choses. Autant dire que l’intertextualité s’enrichit et rend la lecture d’autant plus intéressante que Lyn Gardner sait parfaitement utiliser tous ces éléments pour les détourner, les combiner, les transformer, voire s’en moquer gentiment. J’ai adoré ce qu’elle a fait du monde des morts avec son métro, sa station thermale et ses gentils organisateurs, significatif de l’humour dont elle fait preuve à toutes les pages, et la gourmandise manifeste dont on se doutait déjà : dans le premier volume on avait une maison d’Hansel et Gretl effrayante mais qui mettait l’eau à la bouche, dans le second, on a des recettes de Mère-Grand et d’Aurore qui donnent l’envie folle de se ruer aux fourneaux ! Surtout pour faire des madeleines au chocolat d’ailleurs !
Mon seul regret, les personnages semblent répéter à peu de choses près les mêmes erreurs que dans le premier tome. Alice succombe à la jalousie, Aurore à sa naïveté et à ses angoisses, Nico à sa confiance en elle-même. Mais les relations fraternelles sont toujours aussi bien vues et les grands événements de la vie permettent de faire évoluer tout de même les personnages vers l’âge adulte. Et malgré ce tout petit bémol, c’est une jolie manière de parler des difficultés à accepter les changements, de la peur devant l’avenir que tout le monde a connu un jour ou l’autre. Je suis donc toujours aussi enthousiaste et j'attends avec autant d'impatience le troisième volet des aventures des soeurs Eden, en espérant qu'il y en aura un!
Lael en parle, Emmyne aussi.
Gardner, Lyn, La marque du dragon, Les soeurs Eden t.2, 2010, 4/5
07:00 Publié dans Littérature jeunesse, Portail vers l'Autremonde | Lien permanent | Commentaires (6) | Envoyer cette note | Tags : j'adore, j'adore, je veux le même lion, et de la barbe à papa aussi
25.04.2010
La couronne d'argent - Robert C. O'Brien
Le matin de son anniversaire, la première chose que voit Ellen est un drôle de cadeau : une couronne en argent qu’elle met immédiatement avant de partir se promener en attendant que le reste de la famille se réveille. A son retour, la maison a brûlé, sa famille aussi et le policier qui l’amenait au commissariat est tué par un bandit. Elle décide donc de partir chez sa tante Sarah à 600km de là, et de se débrouiller toute seule. Mais des gens étranges prétendent lui venir en aide, et rapidement, il lui semble être suivie…
Il y a une longue, très longue histoire entre moi et ce roman jeunesse. Je l’ai découvert au CDI du collège que je fréquentais, l’ai emprunté et réemprunté, ai quitté le collège et l’ai redécouvert entre les mains de ma sœur quelques douze ans plus tard, avec à l’intérieur, la même fiche d’emprunt. Je l’avais regardé avec un sourire à l’époque et puis j’étais passé à autre chose. C’est tout récemment que j’ai eu l’occasion de le relire. J’étais, je dois bien l’avouer, un peu inquiète de ne pas y retrouver le même plaisir. J’avais tort. Je n’ai sans doute pas aimé pour les mêmes raisons, mais quel roman !
Avant tout, La couronne d’argent est une merveilleuse aventure, pleine de rebondissements, de suspense. On suit avec intérêt la jeune Ellen dans ses aventures, on découvre avec plaisir les personnages hauts en couleur qu’elle rencontre au fil de son voyage, on tremble pour et avec elle.
Mais au-delà de ça, La couronne d’argent est un roman étonnant : écrit en 1962, il met en scène une véritable petite héroïne, décidée, futée et déterminée à ne pas se laisser marcher sur les pieds par les garçons. Elle n’hésite pas à partir à l’aventure, se tire des mauvais pas avec ou sans aide. Elle sait qu’elle est une reine et va se comporter comme tel : avec courage, dignité, et la volonté de tenir sa place dans le monde. On est loin des robes empesées et des petites filles modèles. En plus de cette héroïne peu commune, Robert O’Brien n’hésite pas à écrire une histoire aux accents de science-fiction merveilleuse qui joue avec certains canons du conte de fée et parle, l’air de rien, du contrôle des esprits par la propagande, du terrorisme, de l’utilisation de la terreur pour dominer et asservir. Le fond est passionnant et amené d’une manière qui le rend à la fois compréhensible (en jouant sur le sentiment d’injustice que provoque les menées du roi à la couronne noire) et approfondi.
Au final un classique de la littérature jeunesse anglo-saxonne passionnant et toujours actuel. Un grand moment de bonheur pour les petits et les grands.
O'Brien, Robert C., La couronne d'argent, L'école des loisirs, 1987, 5/5
07:00 Publié dans Littérature jeunesse | Lien permanent | Commentaires (6) | Envoyer cette note
15.04.2010
L'invention d'Hugo Cabret - Brian Selznick
Orphelin, Hugo mène une vie peu ordinaire pour un jeune garçon: avec son oncle, il entretient les horloges d'une grande gare parisienne, rêvant aux temps enfuis où il regardait son père réparer montres et horloges et où ils partagaient la même fascination pour un automate qu'ils avaient retrouvé dans les combles du musée. Mais le jour où son oncle ne rentre pas il faut qu'il s'organise pour survivre, entre petits vols, tournée des horloges et son obsession pour l'automate qui, il en est certain, doit lui délivrer un message de son père. Jusqu'à sa rencontre avec un vieux vendeur de jouets et sa petite fille qui va définitivement changer sa vie.
La réaction que l'on a devant l'objet livre est parfois étrange. Je regardais Hugo Cabret et je soupirais à l'idée de m'attaquer à ce qui ressemblait à une énième histoire fantastique sous forme de gros pavé. Il faut dire que je ne l'avais pas ouvert et n'avais pas tenté de faire quelques recherches sur la bestiole. Et je vais vous dire, j'en suis heureuse. Parce que j'ai eu une merveilleuse surprise, parce que Hugo m'a embarquée dans ses aventures et que je n'ai pas eu envie de le laisser filer tout seul, pas une minute! Parce que L'invention d'Hugo Cabret est un petit bijou. Brian Selznick a choisit pour raconter l'histoire d'Hugo une forme qui fait plonger immédiatement le lecteur dans l'atmosphère sombre et angoissante des couloirs et recoins d'une gare. Les illustrations défilent, accèlerent et racontent le début de l'histoire. On rencontre Hugo, le vieux vendeur de jouet. Puis les mots prennent le relais, cèdent de nouveau la place à l'image, avant que quelques phrase ne surviennent par surprise. Alors qu'on pouvait s'attendre à un sentiment d'artificialité, le tout coule de source, fluide, agréable, fascinant même grâce au magnifique travail d'illustration de l'auteur et fait plonger dans le Paris de l'exposition universelle. Les double-pages en noir et blanc, découpées comme un story board sont autant de merveilles qui accompagnent une jolie histoire sur les premiers pas du cinéma et les magiciens qui en ont fait un art. La complémentarité des images et des mots est parfaite et donne l'impression de se trouver par moment devant un de ces vieux films muets et un peu saccadés. Autant dire que c'est un OVNI par sa forme, un choc visuel et un grand moment de bonheur malgré une histoire un peu légère. C'est à mon avis le seul défaut de cette merveille qui par sa forme fait un peu oublier qu'elle est destinée à des enfants! Reste une oeuvre qui touche, qui intrigue, et qui rappelle aussi que les mots et les images ne sont pas aussi ennemis que l'on veut parfois le faire croire.
A découvrir!

Theoma l'a aimé, Maijo aussi, tout comme Cachou!
07:00 Publié dans Littérature jeunesse | Lien permanent | Commentaires (9) | Envoyer cette note
01.01.2010
Les soeurs Eden et le maître des loups - Lyn Gardner
Il était une fois trois soeurs vivant dans une maison pleine de courants d'air et de poussière. La première, Aurore, était aussi belle que bonne ménagère, la seconde, Alice, aussi aventurière que la première prudente, la troisième, Nico, son don n'était pas des moindres. Mais quand les hurlements des loups se font entendre au loin et que le danger se rapproche avec la silhouette de l'Eterminateur, que peuvent-elles faire? Et qu'est-ce que cette vieille flûte confiée par leur mère à Alice sur son lit de mort peut-elle bien avoir de particulier pour que l'Eterminateur veuille la faire sienne?
Les âmes chagrines diraient que Lyn Gardner s'est gentiment contentée de mélanger quelques contes de fée au aventures un brin convenue de trois têtes blondes. Elles ont tort. Les soeurs Eden et le maîtres des loups est un petit bijou réjouissant et brillant qui transporte dans le monde étrange, merveilleux et terrifiant des contes de fée. Un peu comme John Connolly avec Le livre des choses perdues, Lyn Gardner se promène dans les contes, connus ou moins connus et les utilise pour créer son propre univers et raconter une histoire aux personnages attachants et aux rebondissements incessants. Mais ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit! Là où John Connolly écrit un conte propre à terrifier petits et grands, dense et intense, Lyn Gardner offre une histoire drôle, haletante et cache sous les aventures de ses trois héroïnes une sacrée finesse psychologique!
Evidemment, les rôles des trois soeurs sont clairement définis, mais par petites touches, elles se révèlent plus complexes que ce à quoi on pouvait s'attendre. Alice n'est pas seulement la plus courageuse des trois, elle est aussi celle qui doute le plus et qui a tellement, tellement peur d'être abandonnée. Aurore sous ses dehors de jeune fille sage et de ménagère coriace cache aussi des surprise et un sens pratique étonnant. Quand à Nico, elle est bien plus que ce que le bébé qu'elle paraît être. Et il en va de même pour les personnages secondaires: la Mère Crochue par exemple, et C'est la grande leçon de ce joli conte de pas-si-fée: les gens ne sont jamais ce que nous croyons qu'il sont, et il faut être bien idiot pour le juger sur les apparences! Car ils révèlent bien souvent des profondeurs et des capacités cachées, en bien ou en mal!
Là est la grande leçon reçue par Alice, personnage principal de toutes ces aventures: au cours d'un long voyage initiatique, elle va apprendre la complexité du monde et passer ainsi de l'enfance à un autre statut. Pas encore celui d'adulte, mais celui d'une personne consciente du monde qui l'entoure, de ses dangers et de ses beautés. Consciente, aussi, et surtout, de qui elle est, de ses forces et de ses limites. En faisant grandir son héroïne, Lyn Gardner aborde des thèmes connus dans les contes de fée mais toujours d'une manière légèrement différente: l'abandon des parents n'est plus celui du Petit Poucet par exemple, mais celui de parents incapables de dépasser leur égoïsme et leur amour, le maître des loups est assoiffé de pouvoir mais non sans raisons qui expliquent son comportement et le mal qu'il fait autour de lui... Sans avoir l'air d'y toucher, Lyn Gardner parle de l'amour fraternel, de la place que chacun occupe dans une fratrie et des conséquences que cela peut avoir, elle parle de maternité et de paternité. Elle aborde en filigrane les thèmes graves de la dictature et de la quête de pouvoir sans oublier de rappeler au passage que les méchants le sont rarement sans raison. C'est extrêmement riche. Mais tout en restant drôle et débordant de tendresse et de chaleur, et d'un amour des contes de fée qui jamais ne se transforme en plagiat. J'ai adoré croiser au détour des chapitres des personnages et des décors bien connu. J'ai adoré deviner qui était qui et à quel conte Lyn Gardner pouvait bien faire référence: de Rapunzel au Petit Poucet en passant par Le joueur de flûte, Hansel et Gretel, La belle au bois dormant, La reine des neiges, on en rencontre de ces merveilleux contes. J'en suis sortie avec l'envie de me replonger dans ces histoires qui m'ont fait frémir!
Il semblerait que l'auteur travaille à un deuxième tome: s'il est aussi bien troussé et aussi joliment illustré, ce sera un cadeau de moi à moi que je me ferai avec jubilation avant de plonger aussi vite que possible dans le petit monde d'Alice, Aurore et Nico!
L'avis de Loula, de Lael, Emmyne, ...
Gardner, Lyn, Les soeurs Eden et le maître des loups, Tourbillon, 2009, 5/5
17:22 Publié dans Littérature jeunesse | Lien permanent | Commentaires (9) | Envoyer cette note | Tags : les contes de fée sont la matière du monde
06.01.2009
Le château de Hurle
Lorsque Sophie, l'ainée de trois soeurs, croise le chemin de la Sorcière du désert, c'est pour elle le début d'une aventure qui va l'amener à investir le château du terrifiant magicien Hurle, à terroriser quelques araignées, apprivoiser un démon du feu, le tout, pour le meilleur et pour le pire.
C'est un article sur les femmes en fantasy publié sur le site Elbakin qui m'a fait me souvenir que le superbe desin animé de Miyazaki, Le château ambulant est une adaptation de ce classique de la littérature de jeunesse anglo-saxonnes. C'est peu de dire qu'aussitôt pensé, aussitôt fait, je me suis procuré l'objet de ma convoitise!
Les aventures rocambolesques de Sophie sont rondement menées, haletantes parfois, portées par des personnages plus ambivalents qu'il n'y paraît au premier abord. Ils ne sont pas méchants, ou gentils, mais un peu perdus, un peu lâches, un peu courageux, un peu soupes au lait. Il y a bien sûr la méchante sorcière qui provoque tous les rebondissements, mais même elle finalement, est surtout une victime. Diane Wyne Jones amène petit à petit à regarder au delà des apparences: c'est ce que symbolise le personnage de Sophie, transformée en vieille femme par vengeance. Cette transformation va l'obliger à mieux regarder autour d'elle et en elle, à se méfier de ce que disent les convenances et les traditions.
Diane Wyne Jones parvient à emprisonner gentiment son lecteur dans son château qui ressemble à une cheminée et qui court dans les collines, poursuivi par un épouvantail enchanté, porte ouverte sur des univers parallèles. On voit avec plaisir les héros sauter d'un port de pêche à une capitale en passant par un jardin enchanté, le pays de Galles,... enfiler des bottes de sept lieux, papoter avec un crâne qui claque des dents.
L'avis de Lilly, celui d'ActuSF.
Et pour la route, un extrait de ce merveilleux dessin-animé, tellement magique que ça en devient indécent.
07:00 Publié dans Littérature jeunesse | Lien permanent | Commentaires (15) | Envoyer cette note
22.08.2008
Il faut sauver Saïd
Saïd aime les mots, le français, son dictionnaire et être bon élève. En tout cas, il aimait avant le collège Camille Claudel et ses 1200 élèves, le bruit, le racket, le mépris et la haine de ceux qui veulent détruire tout ce qui est beau et bon. Ce n’est pas qu’il ne veut pas s’en sortir Saïd, mais comment lutter quand on a 11 ans, une famille déchirée par la délinquance et la religion. A quoi s’accrocher ? Un tableau vu pendant une visite scolaire au musée d’Orsay ? L’amitié de son copain Antoine ? Le professeur d’histoire-géographie qui ressemble à l’acteur de Mission : impossible ?
Mois après mois, Saïd raconte dans son cahier sa vie d’enfant des cités. Une vie qui a radicalement changé depuis qu’il est entré en sixième et qu’il a quitté le petit monde douillet de l’école primaire pour la jungle d’un collège sans âme. Smadja ne caricature pas. Au contraire, avec des mots simples, elle donne à voir à ses jeunes lecteurs et aux adultes qui auront la curiosité d’ouvrir son roman un quotidien qui fait froid dans le dos mais qui n’est pas exempt d’espoir et de petits bonheurs. Avec intelligence, elle aborde des thèmes graves : l’extrémisme religieux auquel se livrent des adolescents perdus, le chômage, l’échec scolaire, l’avenir fermé malgré l’énergie et la volonté des parents, des enseignants. Alors bien sûr on peut reprocher un brin de caricature, un trop plein de tendresse et une fin peut-être trop idyllique, mais on ne peut que d’attacher à ce gamin. Saïd tente de garder la tête haute, de protéger son tout petit frère, sa sœur, la belle et grande Samira qui a décidé de vivre en femme libre ; Tout en sachant qu’il n’est pas meilleur que les autres, qu’il peut céder au chantage, renoncer à intervenir pour se protéger. Qu’il a besoin de l’aide et de la protection des adultes alors qu’il est contraint de quitter le monde de l’enfance de la manière la plus violente qui soit.
Le tout est ponctué des définitions de ces mots qu’aime tant Saïd : invectives, rictus, abdiquer, tintamarre, admonestation, apogée, dignité, méditer, mépriser, etc.
Un beau roman sur la vie et le destin.
« Devant moi, les lignes forment des lignes comme les mailles d’un filet dont on ne peut pas s’échapper. »
Brigitte Smadja – Il faut sauver Saïd, Neuf de l’Ecole des loisirs, 2003, 92 p.
15:00 Publié dans Littérature jeunesse | Lien permanent | Commentaires (4) | Envoyer cette note | Tags : banlieues, apprentissage, brigitte smadja
05.08.2008
A vos dictionnaires!!!
Vladimir a voulu fêter à sa manière la naissance du tout petit riquiqui duc Ivan avec un poème ! Un poème plein de V et rimes en vlan ! Un poème que le grand-duc n’a pas du tout, mais alors pas du tout apprécié ! Résultat : tous les mots en v sont purement et simplement interdits et la police spéciale de Répression du V créée !
Seulement, avec la lettre 22 en moins, est-il encore possible de parler ? Et de penser ? Et de sentir ?
Voilà un roman pour les plus jeunes fort agréable ! Je connaissais Marie-Aude Murail par ses œuvres pour adolescents, mais je découvre là qu’elle est tout aussi douée pour les autres ! Ce dont il est question ave finesse sous la forme d’un conte drolatique n’est rien moins que le pouvoir des mots, de la poésie et des chansons !
Une lettre vous manque et tout est dépeuplé ! Rien de plus vrai ! Car le vent, ce n’est pas le zéphyr ou la brise ! » Je vous adore », ce n’est pas la même chose que « Je vous aime » ! Les mots ont leur importance ! C’est ce dont tout le monde va très vite se rendre compte ! Mais impossible de résister quand la police veille au grain ! Qui aurait envie de perdre sa langue, voire sa tête pour avoir laisser échapper ce petit son si anodin ! Même le grand-duc va se rendre compte de sa bêtise, et du fait qu’avoir le pouvoir absolu n’empêche pas de faire des erreurs, bien au contraire !
Heureusement que les enfants sont moins idiots, et bien plus courageux que les adultes !
Une jolie histoire qui laisse avec le sourire !
Marie-Aude Murail, 22 !, Mouche de l’Ecole des loisirs, 2008, 51 p.
15:00 Publié dans Littérature jeunesse | Lien permanent | Commentaires (13) | Envoyer cette note | Tags : marie-aude murail, jeu sur les mots
07.03.2008
Toujours plus loin vers l'ouest

Jean-Claude Mourlevat, L’enfant Océan, Pocket jeunesse, 2002, 151 p.
15:00 Publié dans Littérature jeunesse | Lien permanent | Commentaires (8) | Envoyer cette note | Tags : mourlevat