13.01.2012
Comment (bien) rater ses vacances - Anne Percin
Chez les Mainard, c'est la fronde. Ni Alice, neuf ans 3/4, ni Maxime, 17 ans ne veulent partir faire de la randonnée en Corse. Qu'à cela ne tienne, la première ira en colonie, le second chez sa grand-mère. Les vacances rêvées pour cet asocial patenté qui ne rêve que du cerisier et de l'ordinateur de son aïeule. Mais comme il n'est pas dit que la vie est un long fleuve tranquille...
J'ai adoré. Adoré parce que ce roman est la démonstration que légéreté ne rime ni avec niaiserie, ni avec bêtise. Parce qu'il ne faut pas croire, les vacances de Maxime ne sont pas de tout repos entre sa grand-mère qui fait une attaque, sa soeur aux prise avec les affres de l'amitié, ses parents injoignables, quelques secrets de famille et une vie sociale qui semble prendre une tournure pour le moins déstabilisante pour l'ermite convaincu qu'il est. Mais ce n'est pas parce qu'on enchaîne les bourdes, que les problèmes s'accumulent qu'il ne fait pas prendre la vie avec humour, et de l'humour, Maxime en a à revendre, tout comme des références qui feront glousser de joie le lecteur au rythme des notes de bas de page qui parsèment le texte (vous ai-je déjà dit que j'ai une passion perverse pour les notes de bas de page?). Quant à ses expériences culinaires... Seigneur... J'en ris encore. Et je vais de ce pas me faire une bonne playlist des maisons avec les titres qui rythment la vie de Maxime.
Bref, c'est drôle, c'est bon, c'est intelligent, j'en redemande. Complétement dindon quoi.
Stephie a aimé, Cathulu, Clara,...
Percin, Anne, Comment (bien) râter ses vacances, Le Rouergue, doAdo, 2010, 185p.
07:10 Publié dans Littérature pour "Adolescents" | Lien permanent | Commentaires (6) | Envoyer cette note
27.06.2011
Moi, Jennifer Strange, dernière tueuse de dragons - Jasper Fforde
" A une époque, j'ai été célèbre. on a vu ma tête sur des t-shirts, des badges, des tasses à tgé et des posters. J'ai fait la une des journaux, je suis passée à la télé, et j'ai même été invitée au Yogi Baird Show. Le Quotidien des palourdes m'a proclamée "L'adolescente la plus remarquable de l'année" et j'ai été élue femme de l'année par Mollusqu-Dimanche. On a deux fois essayé de me tuer, on m'a menacée de la prison, j'ai reçu seize demandes en mariages et j'ai été déclarée hors-la-loi par le roi Snodd. Tout cela et plus encore, et en moins d'une semaine.
Je m'appelle Jennifer Strange"
Outre le chocolat, il y a quelques petites choses qui ont tendance à me rendre étrangement compulsive, voire obsessionnelle. La sortie d'un nouvel opus de Jasper Fforde en fait partie. Rapport sans doute avec le fait que son imagination délirante a tendance à me faire a minima sourire bêtement, sourire qui a tendance à se transformer en gloussements qui eux-mêmes... Bref, vous avez sans doute saisi l'idée.
Or donc. Jennifer Strange. Digne petite frangine de Thursday Next pour l'aplomb et la tendance à se retrouver embringuée dans des situations pas possible, mais qui se balade, elle, dans un univers qui mêle allégremment et avec talent références à notre monde et magie. Le tout assaisonné avec l'humour pince-sans-rire et le sens du rythme qui m'ont séduits dès L'affaire Jane Eyre. On trouve au fil des pages et pêle-mêle: une épée qui répond au doux nom d'Exhorbitus sans doute parce qu'elle a couté très cher, un Quarkon très, mais alors, très laid, des dragons, des chevaliers dont les affiches format poster ornent les chambres adolescentes, un roi un tantinet tyrannique, une dracomobile, des magiciens complétement barrés, des bienheureuses du Homard et des enfants trouvés, des dragons qui font peur. Le tout donne un récit initiatique fort bien troussé qui s'avère bien plus profond qu'il n'en a l'air, et se paie le luxe de parler avec drôlerie et finesse des travers du mercantilisme, de la cupidité humaine, de la préservation de la nature, des médias, et de quelques autres petites choses. .
Autant dire que j'attend la suite avec impatience et vais guetter les nouvelles sorties de la collection Territoires dont les premiers pas sont plus que prometteurs!
Emmyne a aimé.
Fforde, Jasper, Moi, Jennifer Strange, dernière tueuse de dragons, Fleuve Noir, 2011, 294p., 4/5
20:31 Publié dans Littérature pour "Adolescents", Portail vers l'Autremonde | Lien permanent | Commentaires (7) | Envoyer cette note
10.05.2011
Dis-lui - Remi Stefani
Albertine , 17 ans, a tout quitté le temps de faire le point sur sa vie. Elle se retrouve serveuse dans le café tenu par un ami de son père, le marin toujours absent, tout près de la mer. Là, elle va trouver le pire, mais aussi l'amour et l'amitié.
J'aurais aimé être dithyrambique, mais j'avoue avoir été quelque peu déçue par Dis-lui. J'attendais une belle histoire douce-amère, des personnages attachants... Et j'ai trouvé une histoire dans laquelle je ne suis jamais vraiment entrée, trop légère à mon goût, des personnages effleurés, un découpage en deux parties que j'ai trouvé un brin artificiel, des rebondissements qui ne m'ont pas convaincue. Mais il y a de belles qualités d'écriture et le concept intéressant de mêler au roman les chansons d'Albertine sur un joli papier bleu et que l'on entend interprétées par Chloé Stefani sur le CD qui accompagne le roman. Je ne me suis pas réellement ennuyée, mais j'ai trouvé le tout un peu fade.
Rencontre ratée donc en ce qui me concerne, mais la cause n'est pas perdue, il y a quelques ados dans mon entourage qui me semblent séduites par le principe. Et c'est un très joli cadeau à faire!
Liyah, un peu déçue, Pimprenelle, touchée,...
Stefani, Remi, Dis-lui, Casterman, 2011, 207p.
07:00 Publié dans Littérature pour "Adolescents" | Lien permanent | Commentaires (7) | Envoyer cette note
26.01.2011
Leviathan - Scott Westerfeld
1914. Veille de la Première guerre mondiale. Face à face, les darwinistes anglais, rois de la manipulation du vivant et de la biologie, et les clankers allemands, maîtres de la mécanique. L'étincelle? L'assassinat de l'archiduc François-Ferdinand provoque provoque une explosion dont les remous vont se faire sentir dans le monde entier et dans lesquels vont être pris Alek le fils de l'archiduc et Deryn Sharp, une jeune fille prête à tout pour voler, ce que lui interdit sa condition de fille.
Mais que diantre nous a ficelé Scott Westerfeld me suis-je dis en attaquant ce pavé. Parce que bon, ça avait la couleur de l'uchronie, le goût de l'uchronie, mais avec un zeste tout même bien prononcé de steampunk, le tout mélangé à un brin de Première guerre mondiale, quelques bestioles bizarres et des illustrations. De quoi froncer un sourcil, voire deux. Et même trois. Seulement voilà, quand Westerfeld s'attaque à quelque chose, il ne fait pas les choses à moitié et résultat des courses, il offre non seulement un roman intelligent, mais en plus un récit d'aventure foisonnant qui, je dois l'avouer, m'a littéralement rivé les mains aux pages.
Commençons par le commencement. Et au commencement était l'uchronie dont il maîtrise parfaitement les ressorts, en l'occurrence les mécanismes pour le moins complexes qui ont mené à la Première guerre mondiale. Bien qu'il distorde l'histoire en dotant l'archiduc d'un fils unique et en modifiant quelque peu les conditions de son décès, il décrypte parfaitement la logique des alliances, l'opposition entre pacifistes et bellicistes qui travers l'époque, et les intérêts des futurs bélligérants qui sont finalement d'autant mieux perceptibles qu'ils sont accentués par leurs choix scientifiques, et j'irais jusqu'à dire éthique. Parce que c'est au fond de cela dont il est question, des choix de société et de la manière dont la science y entre en jeu, modifie les manière de faire et de penser, de vivre et de percevoir l'autre. D'un côté ceux qui manipulent le vivant, le transforment, l'utilisent comme une machine, de l'autre ceux qui usent et abusent du métal et des rouages. D'un côté le dégoût pour des mécaniques grinçantes, de l'autre le rejet de créatures diaboliques. Difficile de ne pas y retrouver en filigrane l'écho des débats qui agitent aussi bien le monde scientifique que les sociétés contemporaines sur les manipulations génétiques et leurs conséquences... Du coup, l'histoire d'Alek et de Deryn se déploie dans un décor magique, fait de machines terrifiantes et redoutables, d'un bestiaire étrange qui va de méduses volantes au magnifique et meurtrier Leviathan en passant par des chauve-souris transformées en armes, des abeilles, des drôles de moyens de communication et j'en passe, magnifiquement mis en image par les illustrations de Keith Thompson. Magique, mais redoutable aussi, animaux comme machines se transformant vite en armes dévastatrices. J'ai d'ailleurs beaucoup aimé la manière dont Westerfeld esquisse le choc qu'ont du être les premiers combats pour des jeunes gens patriotes et romantique qui étaient loin d'imaginer la boucherie à laquelle ils allaient être mêlés.
Du côté de l'intrigue, c'est indéniablement efficace. Je me suis laissée prendre au récit des aventures et mésaventures croisées d'Alek et de Deryn qui, si elles n'ont rien de bien révolutionnaire, se déroulent sans temps mort et sont portées pas une plume solide. Les références à Jules Verne dont est crédité le roman sont loin d'être usurpées: c'est un excellent mélange d'aventure et de SF à la sauce littérature pour jeunes adultes contemporaine. Les personnages principaux sont bien campés et attachants, les personnages secondaires remplissent parfaitement leur rôle avec quelques trouvailles à mon sens assez réjouissantes, comme l'apparition de la petite-fille de Charles Darwin en personne qui affirme haut et fort son originalité de femme indépendante ou encore d'un Winston Churchill qui semble ressembler fortement à ce que son alter ego de chair et de sang a pu être à la veille de la guerre. Dommage cependant qu'Alek et Deryn n'acquièrent pas un peu plus de profondeur au cours de ce premier tome, leurs secrets respectifs auraient pu le permettre. Je suis restée un peu sur ma faim quant à Deryn, sa vie avant et à bord du Leviathan et les difficultés de sa position de femme travestie. Et Alek m'a paru par moment curieusement naïf, voire enfantin dans ses réactions. Mais... ils sont jeunes! Et la confrontation entre les deux univers qu'ils représentent promet d'être un peu plus complexe dans les tomes suivants...
Vivement le tome 2!
On en parle sur Scifi-universe et Uchronies. Et sur le Cafard cosmique aussi.
L'avis élogieux d'Emmyne et celui plus mitigé du Pingouin.
Sauf avis contraire de Lhisbei, je compte ce titre dans le Winter Time Travel
Westerfeld, Scott, Leviathan, Pocket jeunesse, 2010, 5/5
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14.09.2010
Vango - Thimotée de Fombelle
Paris, Notre-Dame, avril 1934. Sur le parvis, Vango Romano s'apprête à être ordonné prêtre lorsque tout bascule: la police tente de l'arrêter, un mystérieux tueur lui tire dessus. Le jeune homme prend la fuite sans savoir que c'est le début d'une course-poursuite qui va l'amener à savoir enfin, qui il est et d'où il vient.
Foisonnant, enthousiasmant, passionnant sont quelques uns des termes qui me viennent à l'esprit quand je repense à Vengo. Rien que ça oui. Et plus encore en fait. Vengo est un roman extrêmement riche qui campe des personnages attachants et tire parti de la période de l'entre-deux-guerre pour construire une intrigue passionnante et qu'on devine devenir de plus en plus dense, complexe, et fascinante. A priori pourtant, rien de très original puisqu'il s'agit d'une quête des origines. Déjà vu, déjà lu. Mais Thimotée de Fombelles entremêle le destin de son personnage principal avec les drames européens du début du 20e siècle, de la Première guerre mondiale en passant par la montée du nazisme, le stalinisme sans jamais oublier qu'avant tout, il raconte une histoire d'aventure. C'est du coup bourré de rebondissements et de changements de point de vue qui rendent le tout dynamique et permettent de s'attacher aux divers personnages. Il faut dire que de Vengo à Ethel l'écossaise, en passant par le moine Zefiro, Eckener et les autres, il y en a pour tous les goûts. Tout ce petit monde se croise, se recroise, se perd, fuit, court, grimpe, vole, ça n'arrête jamais pour le plus grand plaisir du lecteur qui a bien du mal à lâcher son bouquin. Et visite au passage une bonne partie de l'Europe tout en révisant sans en avoir l'air son histoire du 20e siècle.
Sans vouloir avoir l'air d'être dithyrambique, je me permets de souligner au passage que l'intrigue, policière mais pas que se tient parfaitement et que le tout est servi par un style fluide, soutenu sans jamais paraître précieux et qui sonne juste, fait de chaque personnage bien plus qu'une ombre de papier, même ceux qui ne font que passer. On suit avec passion cette quête des racines qui rappelle, en filigrane, l'importance de savoir d'où l'on vient et qui l'on est, pour grandir.
Il n'y a pas à dire, Vengo est porté par un sacré souffle. Vivement la suite!
Au passage, j'aimerais bien rencontrer Mademoiselle moi!
"Mademoiselle était une magicienne de la cuisine.
Sur son petit fourneau de pierre, au bord de cette île perdue en Méditerranée, elle faisait chaque jour des merveilles qui auraient fait pleurer les gastronomes des plus grandes capitales. Au fond de ses poêles profondes, les légumes faisaient une danse ensorcelante dans des sauces dont l'odeur montait à la tête et à l'âme. Une simple tartine de thym devenait un tapis volant. Les gratins vous tiraient des larmes alors que vous n'aviez pas encore passé le pas de la porte. Et les soufflés... Mon Dieu. Les soufflés seraient allés se coller au plafond tant ils étaient légers, volatils, immatériels. Mais Vango se jetait dessus avant qu'ils s'évaporent.
Mademoiselle préparait des soupes et des feuilletés impossibles. Elle faisait lever à la main des mousses aux parfums interdits. Elle servait le poisson dans des jus noirs au goût d'herbes inconnues qu'elle trouvait entre les pierres.
Vango avait cru longtemps qu'on mangeait ainsi dans toutes les maisons. Il n'avait d'ailleurs jamais rien goûté en dehors de chez lui. Mais, depuis le jour où l'on avait fait venir le docteur pour une pneumonie du petit garçon, quand il avait cinq ou six ans, il avait compris que Mademoiselle n'était pas une cuisinière comme les autres."
Fombelle, Thimotée de, Vango, Gallimard Jeunesse, 2010, 370p., 5/5
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08.09.2010
Les étranges talents de Flavia de Luce - Alan Bradley

07:00 Publié dans Littérature pour "Adolescents", Littératures anglo-saxonnes | Lien permanent | Commentaires (11) | Envoyer cette note
04.09.2010
Le journal d'une sorcière - Celia Rees
Rees, Celia, Le journal d'une sorcière, Seuil Jeunesse, 267p., 2004, 5/5
07:00 Publié dans Littérature pour "Adolescents" | Lien permanent | Commentaires (8) | Envoyer cette note
01.04.2010
Les vampires de Londres - Fabrice Colin
Londres, 1888. Amber et Luna se réveillent enterrées vives et se découvrent des pouvoirs pour le moins étranges qui vont les impliqué dans une guerre dont le commun des mortels n’a jamais entendu parler. Et pour cause, elle implique des créatures qu’on pense être des créations d’imaginations surchauffées…
J’étais, je dois bien l’avouer, quelque peu dubitative pour avoir entendu tout et son contraire à propos des sœurs Wilcox. Quid me demanderez-vous ? Et bien c’est à mon avis un fort bon début de série. Fabrice Colin plonge avec délice dans les rues sombres et brumeuses d’un Londres nocturne qui recèle bien des mystères et crée une ambiance gothique tout à fait agréable pour le lecteur. Sans compter qu’il joue avec bonheur des figures de la littérature de genre. On croise Watson, Holmes, Jack l’Eventreur dont les mystères sont résolus, une ligue qui ressemble fort à la Ligue des Gentlemen Extraordinaires, Dracula, une certaine comtesse Bathory et au détour d’un chapitre, la reine Victoria elle-même. L’hommage, certes un brin appuyé, n’est jamais lourd puisqu’il est parfaitement intégré dans un récit prenant, servi par deux héroïnes auxquelles on s’attache : Amber, volontaire et têtue, parfois trop pour son propre bien, Luna la rêveuse dont les hésitations sont tempérées par un courage bien affirmé pour son âge. On découvre par petits bouts les créatures qui hantent à l’insu des humains les rues de Londres : terrifiants vampires, goules, fées, faunes et autres bestioles étranges et plus ou moins sympathiques. Le décor et les personnages s’installent petit à petit, et si l’intrigue ne brille pas par une folle originalité, elle promet quelques développements.
Reste à savoir si la cible principale du roman sera aussi séduite par ces deux héroïnes et les nombreuses références qui parsèment leurs aventures, la plupart nécessitant tout de même quelques connaissances.
Bref, c’est un roman sympathique, agréable à lire qui promet une série intéressante. Je ne manquerai pas de faire un sort au tome 2, ne serait-ce que pour savoir comment les deux sœurs vont se dépatouiller de leurs problème et ce qu’il va advenir de ce bon vieux Sherlock qui croise décidemment bien souvnt ma route ces derniers temps.
L'avis de Cathulu, Fashion, Lily, Emmyne...
Colin, Fabrice, Les étranges soeurs Wilcox t.1, Les vampires de Londres, Gallimard Jeunesse, 2009,283p., 4/5
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10.03.2010
The hunger games - Suzanne Collins
Autour du Capitole, douze districts soumis par la terreur. Douze garçons et douze filles entre douze et dix-huit ans sont tirés au sort chaque année pour participer aux Hunger Games : lâchés dans une gigantesque arène, confrontés à une nature hostile, ils doivent s’entretuer jusqu’à ce qu’il ne reste plus qu’un seul d’entre eux sous le regard d’une population contrainte à suivre ces jeux.
Dans le District 12, le district du charbon, Katniss, 16 ans, fais survivre sa mère et sa sœur. Quand cette dernière est tirée au sort pour participer aux Hunger Games, Katniss se porte volontaire à sa place et part avec Peeta affronter l’arène et des concurrents décidés à survivre à tout prix.
Les abominables citations dithyrambiques sur la quatrième de couverture des romans ont le don de m’agacer royalement la plupart du temps, voire de me faire renoncer à une lecture. Que diable ai-je à faire de l’avis soit disant éclairé de Stephen King et Stephenie Meyer sur tel ou tel roman, je vous le demande. Même s’ils ont raison dans ce cas précis : effectivement, impossible de lâcher ce roman. J’admets qu’il me fallait le lire très vite, mais ce qui aurait pu être une obligation puisque je voulais le lire mais pas forcément à ce moment précis (ahhhhh, la volonté illusoire de laisser le coup de feu se tasser), s’est vite transformé en plaisir.
The Hunger Games est un roman intelligent, et non content d’être un roman intelligent, il a l’immense avantage d’avoir été écrit par un auteur qui sait ce que suspense et rebondissements signifient. On ne pourra à aucun moment nier que Suzanne Collins maîtrise l’art du page turner, ça non !
Mais venons-en au vif du sujet. Comme dystopie, Hunger Games ne présente pas de réelle originalité. En le lisant on pense à Battle Royale, on retrouve les thème de centre/ périphéries soumises, de contrôle des masse, avec une trame relativement classique de récit initiatique. Mais tout cela, Suzanne Collins le maîtrise et le place dans le contexte de ces jeux qui ne sont pas sans rappeler les jeux du cirque, certaines des coutumes antiques les plus révoltantes et la télé-réalité qui depuis quelques années sévis sur nos écrans et prend des tous de plus en plus trash. C’est le principe de la télé-réalité poussé à l’extrême et utilisé comme instrument par un pouvoir totalitaire qu’utilise l’auteur.
Elle prend le temps de décrire brièvement, sans doute un peu trop brièvement l’univers de son roman avant de lâcher Katniss et Peeta dans la fosse. On a du coup une impression de survol des ressorts politiques et sociaux de Panem même si le principal est aisément compréhensible et certaines réactions de la population sont un peu difficiles à saisir. Cela n’empêche aucunement l’auteur d’aborder des questions difficiles sur le libre-arbitre, la dignité, l’identité. On peut même dire qu’effleurer l’aspect scientifique, technique (les armes, les moyens de locomotion) permet d’une certaine manière de mieux s’identifier à cet univers pas si différent du notre. On s’attache aux personnages, à commencer par Katniss, bien moins forte qu’elle n’en a l’air, par Peeta moins naïf qu’au premier abord, et tout ceux qui les entourent. L’histoire sentimentale entre les deux jeunes gens, plus complexe que ce à quoi on pourrait s’attendre ne porte à aucun moment préjudice au rythme du récit, mais au contraire, l’enrichit. On voit petit à petit les rouages bien huilés des jeux se grippés sous l’effet d’une situation inédite et les Juges être pris à leur propre jeu par des adolescents qui sans être plus intelligents que la moyenne, ont des moyens inédits à leur disposition pour s’en sortir : la sympathie du public envers une histoire d’amour qu’ils jouent sans la jouer. La perte de contrôle du Capitole, habitué à manipuler le public est intéressante. Avec cela, les affrontements entre les candidats et les menées des Juges sont haletants sans jamais sombrer dans le sanguinolent ou le voyeurisme.
Je reprocherais tout juste à l’auteur d’avoir relativement épargné son héroïne et d’avoir laissé quelques ficelles un peu épaisses apparentes à un ou deux endroits. Mais vraiment pour trouver quelque chose à critiquer. D’autant que cette première critique est un peu facile : bien sûr les extrêmes auxquels l’instinct de survie peut pousser ne sont pas explorés comme ils ont pu l’être dans Battle Royale, mais il faut rappeler au passage, que celui-ci est plutôt destiné à un public adulte et que le contexte politique décrit n’est pas le même, et que Suzanne Collins a prévu une trilogie. Difficile de la continuer sans ses personnages principaux (certes, GRR Martin ne s’est jamais encombré de ces considérations, mais nous ne sommes pas dans le même type de littérature : il est plus facile de massacrer ses héros quand on déroule son récit sur 14 tomes)… Il semble que davantage d’explications soient prévues dans le tome 2, historiques, sociales et autres, et une chose est certaine, le premier chapitre offert à la fin de ce tome met l’eau à la bouche
Très belle réussite, Hunger Games se dévore et laisse présager un second et un troisième tomes tout aussi passionnants. Espérons ne pas être déçus !
D'autres avis: Chrestomanci, Fashion Emmyne, Karine:), Bladelor, Cuné, La soupe de l'espace,...
Et dans la catégorie Anticipation, c'est ma première lecture officielle pour le Défi SF de GeishaNellie!
07:00 Publié dans Littérature pour "Adolescents", Portail vers l'Autremonde | Lien permanent | Commentaires (20) | Envoyer cette note | Tags : télé-réalité, dystopie, suzanne collins, défi sf
31.01.2010
Je mourrai pas gibier - Guillaume Guéraud
Mortagne n’est pas bien grand, mais ce n’est pas pour autant que l’harmonie y règne. Entre ceux du bois et ceux de la vigne, les coups et les coups bas pleuvent tous les jours sauf celui où tout le monde fête la chasse. Car à Mortagne, on naît chasseur, et en tant que tel, on ne mourra pas gibier. Martial, lui, s’est échappé. Au bois qui était son destin, il a préféré la mécanique dans un internat et fuit ainsi son père qui meurt des poussières de bois respirées toutes sa vie, la violence de sonfrère et une vie toute tracée. Sauf que quand on sort des cadres, c’est un coup à se lier d’amitié avec Terence, celui qui a la tronche de travers, l’idiot du village. La victime désignée de tous les dérapages. Jusqu’à l’irréparable.
S’il y a un auteur pour la jeunesse qui a provoqué le débat, voire le scandale, c’est bien Guillaume Guéraud. Il faut dire que ce n’est par lui que passeront les jolis petits lapins roses des happy end. Guéraud, c’est du lourd, du poisseux, du violent. C’est la vie et ses atrocités, L’angoisse sans aucune tentative de l’atténuer. Le désespoir parfois. Se lancer dans Je mourrai pas gibier, c’est accepter de se prendre une claque, d’avancer avec l’estomac noué et d’en sortir le souffle coupé et vaguement nauséeux. Guillaume Guéraud pratique une écriture sèche qui va à l’essentiel et excelle à entrer dans la psyché de ses personnages. Martial, on le connaît de « l’intérieur », on découvre Mortagne par ses yeux. Sa lassitude, son désespoir, puis sa colère, le lecteur les vit avec lui. On s’approprie presque les mots de cet adolescent qui a laissé éclater sa haine et sa colère.
Personne n’est condamné au nom de quelque morale que ce soit dans ce roman. Il y a juste l’enchaînement dramatique qui mène à l’irréparable, les traditions d’un village où la violence est quotidienne, où l’ignorance fait des ravages, où ce qui est différent est rejeté aux marges et utilisé en bouc émissaire. Un village où un jeune adolescent sans problème devient un de ces tueurs fous. Sans jamais rien excuser, l’auteur décrypte les événements, les non-dits qui conduisent à vouloir se faire justice soi-même et au meurtre. Il décrit superbement la souffrance de se sentir différent, de décider de s’éloigner et de changer de vie. Il sait montrer par petite touche l’importance du milieu social, de l’éducation dans une vie.
Alors, oui, Je mourrai pas gibier est un roman violent. Mais c’est surtout un de ces romans qui font grandir parce qu’ils ouvrent les yeux.
Le roman a été adapté au format roman graphique par Alfred qui offre là un magnifique album. Extrêmement fidèle au récit de Guéraud, il joue sur le champ, le contre-champ, les décalages de temps et d’espace, rendant d’autant plus violentes, les quelques scènes qu’il a choisi de représenter. On y retrouve magnifiquement mis en image l’atmosphère lourde et noire du roman, les paysages autour du village. Le trait, brutal, est totalement en accord avec le récit et la colère de Martial. Mention spéciale à la couverture et à la quatrième de couverture qui résument en deux dessins et l’ambiance du récit, et l’histoire de Martial. C’est magistral, parfois même plus violent que le roman puisque mis en image. Plus violent, mais pas plus terrible tant imaginer peut parfois être pire que voir. Mais Alfred n’a pas hésité à dessiner les aspects les plus crus et durs de cette histoire, en des cases qui donnent envie de fermer les yeux.
L’un comme l’autre magistral et essentiel.
Guéraud, Guillaume, Je mourrai pas gibier, DoAdo Noir, Rouergue, 2006, 5/5
Alfred, Je mourrai pas gibier, Delcourt, 2009
10:58 Publié dans Bulles, Littérature pour "Adolescents" | Lien permanent | Commentaires (12) | Envoyer cette note | Tags : guillaume guéraud, alfred