09/06/2012

Les heures silencieuses - Gaëlle Josse

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Fin 1667, Magdalena van Beyeren confie au papier ce qu'elle ne peut dire: le secret qui l'étouffe, ses frustrations de femme et d'épouse, ses peurs de mère.

Merveilleux tableau que cette scène d'intérieur toute en détails, en nuance et en mystère. Ces mystères, Gaëlle Josse s'en empare pour donner une voix à cette femme dont on ne connaîtra jamais le visage: Magdalena van Beyeren, épouse de l'administrateur de la Compagnie des Indes orientale dont elle n'a pu prendre la direction, mère et soeur.

Exutoire de ses peines et de ses regrets, les pages de son journal dévoilent la vie foisonnante d'un port des Pays-Bas et le monde des armateurs. Mais si le tableau de cet univers est vivant, ce n'est rien à côté de celui que Magdalena peint d'elle-même, elle qui se sent tout doucement basculer du côté de la vieillesse et qui regarde sa vie présente au miroir des peurs et des espoirs de sa jeunesse. Il y a de la mélancolie, de la solitude, des frustrations, de la joie et de l'amour.

C'est un texte tout en finesse, qui offre de beaux moments de poésie et dont la construction à partir de ce tableau est, à mon sens particulièrement intéressante. On est loin de l'histoire de l'art et des interprétations qui ont pu être données de cette oeuvre de de Witte, mais par le jeu du journal, Gaëlle Josse rappelle ce miroir, le mystère présent sous l'apparente tranquillité domestique tout en s'appuyant sur chaque détail pour donner corps à son récit. L'exercice est merveilleusement réussi.

"Mais la vie est ainsi, elle recèle quantité de portes secrètes dont on ne soupçonne point l'existence, tant que nul événement ne vient y frapper. On se découvre alors un visage bien surprenant que l'on peine à accepter comme sien, tant il diffère de celui que l'on montre d'ordinaire, auquel chacun est accoutumé."

Josse, Gaëlle, Les heures silencieuses, Le livre de Poche, 2012, 88p.

 

16/12/2011

Les amandes amères - Laurence Cossé

Amandes amères.jpgEdith est interprête et traductrice, épouse et mère heureuse, aisée. Fadila, elle est marocaine, âpre et femme de ménage. Quand Edith se rend compte que Fadila ne sait pas lire, elle lui propose de lui apprendre. Sans réellement réaliser qu'elle s'engage sur un chemin qui ne sera pas de tout repos.

Si je dois reconnaître une qualité au dernier roman de Laurence Cossé, c'est de rappeler que ce qui nous paraît si facile, tellement évident n'est jamais que le fruit d'un apprentissage, d'automatismes tellement bien enracinés qu'ils semblent naturels. La manière de relier les lettres, d'agencer les chiffres, de manier des abstractions, autant de choses qui sont profondément culturelles, parfois générationnelles, souvent sociales et qui mettent en lumière le fossé entre ceux qui savent manier les mots et les concepts et ceux qui ne le peuvent pas faute d'avoir appris suffisamment tôt. C'est le cas de Fadila, et d'autres.

Les amandes amères est une histoire forte, grâce à Fadila, tour à tour crispante, admirable, attendrissante, exaspérante, dont on découvre au gré des découvertes d'Edith la vie peu commune. Un beau personnage qui n'a pas suffit à mon grand regret à faire pour moi de ce roman autre chose qu'un pensum heureusement vite terminé. Quelque chose n'a pas fonctionné: le personnage d'Edith, leur amitié, les interminables considérations techniques, le style, la fin au goût de déjà lu baclé de surcroît. L'ennui m'a gagné quand j'aurais aimé être emportée par l'émotion comme avec Au bon roman. A mon sens, mieux vaut lire sur le thème le superbe B.a.-B.a. de Bertrand Guillot.

 

Cathulu a aimé, comme Antigone, des avis sur Lecture/Ecriture. Hydromielle n'a pas aimé.

Cossé, Laurence, Les amandes amères, Gallimard, 2011, 218 p.

25/11/2011

Un avenir - Véronique Bizot

un-avenir-235380-250-400.jpgPaul reçoit une lettre de son frère qui lui annonce qu'il va disparaître quelques temps, et qu'il a oublié, en quittant la maison familiale, de vérifier un des innombrables robinets. Malgré un rhum, et la neige, Paul fait les trois cent kilomètres qui séparent sa vie du passé familial.

C'est noir, c'est grinçant, c'est déstabilisant, on peut dire sans avoir peur de se tromper que Véronique Bizot continue dans la veine de Mon couronnement. J'attendais avec impatience son retour mais force m'est d'admettre que j'ai manqué lâcher prise au cours des vingt premières pages. Trop de mal à entrer dans des phrases sinueuses, trop de mal à entrer dans les pensées de Paul,  dans cette maison lugubre s,... Puis, petit à petit, le charme a fait son effet. Par petites touches, souvenirs par souvenirs, Véronique Bizot esquisse le portrait d'une famille naufragée, met en lumière les hypocrisies, la violence et l'absurdité des relations humaines, les mille et une manières de rater sa vie dans l'aller-retour incessant entre le passé de cette fratrie aux egos inconciliables et un présent étouffé sous la neige. Comme dans Mon couronnement, l'humour se mèle au désespoir et de petites bouffées d'air parsèment le récit, l'espoir que les choses puissent changer pointe le bout de son nez. Au final, je suis contente d'avoir embarqué dans cette drôle d'histoire.

 

Le bel article du Globe Lecteur, Praline en parle dans les Chroniques de la rentrée littéraire, Cathulu, Fibromaman,...

Bizot, Véronique, Un avenir, Actes Sud, 2011, 120p.

25/10/2011

Rouge majeur - Denis Labayle, exposition « La rencontre de Nicolas de Staël et de Jeannine Guillou : la vie dure »

rubon30.jpg5 mars 1955. Nicolas de Staël assiste à un concert au théâtre Marigny. Dix jours plus tard, il met fin à ses jours. Ce qu'il s'est passé entre-temps, c'est Jack Tiberton, un journaliste américain, qui le raconte, lui qui était présent, invité par le peintre à assister à la naissance d'une nouvelle toile.

J'ai croisé au gré de mes périgrinations muséales quelques toiles de Nicolas de Staël, trop peu pour m'être réellement intéressée à la vie de cet artiste, me contentant finalement de le savoir acteur majeur de l'histoire de la peinture. Et puis est arrivée l'exposition du musée Picasso d'Antibes, « La rencontre de Nicolas de Staël et de Jeannine Guillou : la vie dure ». Qui m'a rappelé la présence sur une de mes étagères de Rouge Majeur, consacré aux derniers jours du peintre. Denis Labayle se livre à un exercice intéressant: en s'appuyant sur une solide documentation, il réinvente le quotidien de Nicolas de Staël au cours de ses dernires jours, l'imagine aux côtés d'un journaliste réceptacle de ses confidences, de ses colères, de ses doutes. A Tiberton, il raconte ses doutes, la difficulté de commencer une toile, sa recherche artistique incessante, et puis aussi la déception amoureuse qui le terrasse, les déboires amicaux qui le minent. A la fois fasciné par l'acte de création qui se déroule devant lui, alternativement agaçé et touché par l'homme fatigué qui petit à petit, ne sachant trop s'il veut être acteur de ce qui se joue ou rester spectateur, Tiberton tente lui aussi de trouver son chemin entre amertume d'ancien combattant et ambition de jeune journaliste, espoir fragile d'homme amoureux. C'est malheureusement la première et la dernière de ces caractéristiques qui m'ont moyennement convaincue. J'ai été un peu agaçée d'abord par les récriminations permanentes de ce jeune homme bien que j'admette qu'elles rendent parfaitement bien la rancoeur des anciens combattants face à un monde qui oublie très vite les sacrifices consentis. Puis j'ai trouvé un peu facile cette histoire d'amour retrouvé et parfois un peu artificiels certains dialogues.

Actu1991Norm_1.jpgCeci étant dit, j'ai aimé ce roman, et découvrir par lui Nicolas de Staël dans ses derniers jours  est parfaitement entré en résonance avec l'exposition « La rencontre de Nicolas de Staël et de Jeannine Guillou : la vie dure » qui couvre la période de 1939 à 1946, époque de vaches maigre qui s'achèvera par la mort de Jeannine Guillou rencontrée en1937 au Maroc et dont on voit passer l'ombre dans Rouge Majeur. L'intérêt de l'exposition est de mettre en regard la peinture de Nicolas de Staël et celle de Jeannine Guillou, à un moment où lui cherche encore sa voix et où elle connaît déjà la reconnaissance. Sans oublier de souligner l'importance des rencontres avec des artistes comme Alberto Magnelli, Jean Arp, Sonia Delauney, Vassili Kandinsky...

Au final, une belle exposition, qui permet au passage de revoir Le concert, superbe toile inachevée dont la création est au coeur de Rouge Majeur.

 Pour en savoir plus sur Jeannine Guillou, voir quelques reproductions de ses oeuvres, c'est par-là!

Pour en savoir plus sur l'exposition, c'est là!

Le site de Danis Labayle.

Praline, Sylire ont adoré.

 

Labayle, Denis, Rouge Majeur, Editions Dialogues, 2011, 215p., 3.5/5


23/10/2011

Tous les trois - Gaël Brunet

book_cover_tous_les_trois_143612_250_400.jpg"Je suis leur père pour le meilleur et le meilleur. Je n'ai pas envie du pire. Le pire, on l'a déjà vécu. Il est derrière nous."

Le pire c'est l'accident qui a enlevé leur mère à Jean et Louise, à lui sa femme... Le meilleur? Cette vie réinventée malgré la souffrance et le manque, l'amour d'un père pour ses enfants, le quotidien et ses petits bonheurs...

Au détour d'un bac, Tous les trois m'a fait de l'oeil. Quelques pages feuilletées, et j'étais déjà conquise par ces phrases courtes et sèches, ces mots d'un homme en deuil, d'un père cherchant à remettre d'aplomb l'univers de ses enfants. Aucun pathos dans ce récit. Gaël Brunet se contente de mettre des mots sur le quotidien, les rencontres, les petits rituels qui scandent la vie des enfants, la souffrance qui éclate parfois au détour d'un paysage, d'un mot, d'une chanson. C'est un beau texte, sur le deuil bien sûr, mais surtout sur la paternité et ce qu'elle peut avoir d'à la fois évident et follement difficile. Je me suis laissée porter par Jean et Louise les feux follets, par Mme Viviane, par Maw, par un style épuré qui donne de la force au propos. C'est un premier roman plus que prometteur qui me fait attendre avec curiosité une prochaine parution.

Mango l'a lu. Des avis sur Babelio.

Brunet, Gaël, Tous les trois, Le Rouergue, 2011, 170p., 4/5

 
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