26.03.2011
Le diable danse à Bleeding Heart Square - Andrew Taylor
Quand Lydia Langstone quitte son mari et sa confortable demeure, son seul abri est la pension de famille modeste où habite un père qu'elle n'a jamais connu et où se croisent des locataires pour le moins étranges, quand ils ne sont pas purement et simplement inquiétants. Pourtant, tout vaut mieux que les coups, même s'il faut trouver du travail, même s'il faut se passer de domestique et affronter les mystères que cache la disparition de la propriétaire de la pension, miss Penhow.
Je ne lis guère de littérature policière, mais que voulez-vous, d'abominables tentatrices sont passées par là et ma légendaire faiblesse étant ce qu'elle est, j'ai d'autant moins résisté à l'attrait de ce gros roman que la quatrième de couverture cite Jonathan Coe et dame Agatha. Deux excellentes raisons de lire ce roman "terriblement britannique" (dixit Cuné) qui se révèle effectivement prenant avec son atmosphère brumeuse où l'on devine au détour des escaliers de la pension ou des recoins de Bleeding Heart Square de sombres secrets, des liens occultes et des violences soigneusement masquées par le tissu épais des convenances. Petit à petit, les relations entre les personnages se dévoilent, tissant la trame d'une intrigue qui rappelle effectivement celles qu'offrait à ses lecteurs Agatha Christie y compris le twist final qui fait tourner en bourrique le lecteur mais avec un petit arrière-goût de detective story des années 50 sans le détective revenu de tout mais avec le journaliste fouineur et la "femme fatale". L'intrigue, sans être débordante d'originalité, est bien construite, alimentée par des aspects sociaux et politiques qui rappellent la réalité des années 1930 avec le chômage et la montée du fascisme. Elle n'édulcore pas pour autant le poids persistant des convenances dans la haute société et les drames et trahisons qui s'y déroulent, presque imperceptibles pour qui ne fait pas partie de ce monde. L'ambiance se fait souvent oppressante, de plus en plus lourde au fil des révélations, des secrets mis au jour, et de l'histoire de miss Penhaw qu'on devine, puis découvre tragique à travers son journal intime, chronique d'espoirs déçus et d'une lente descente aux enfers qui n'a rien à envier à ce que subissent ou ont subis ceux qui cherchent à comprendre ce qui lui est arrivé et se retrouvent pris dans les rets d'une violence protéiforme qu'ils combattent chacun à leur manière ou à laquelle ils cèdent.
Une franche réussite donc!
Cuné, Stephie, Keisha, Mivava,...
Taylor, Andrew, Le diable danse à Bleeding Heart Square, Le cherche-midi, 2011, 480p., 45
20:27 Publié dans Littératures anglo-saxonnes, Polars | Lien permanent | Commentaires (12) | Envoyer cette note
20.02.2011
The secret adversary remains hidden...
Vous ai-je déjà parlé du Doctor? Mhhhhhh? Doctor Who? The Doctor, le seul, l'unique. Oui, celui-ci. J'en vois déjà qui soupirent au fond. Tsssssss. Vous pouvez soupirer, ce n'est pas de lui dont il va être question mais de la grande, de la fabuleuse Agatha Christie. Une autre de mes grandes passions d'ailleurs cette bonne vieille Agatha. J'ai du lire à peu près tous ses romans pendant mes années d'adolescence. Et j'en ai tellement relu certains que mes intégrales ont une légère tendance à tomber en ruine.
Bref.
Où en étais-je.
Ah! Oui!
Imaginez donc mon état quand je suis tombée au cours de la couinante saison 4 de ma série préférée de tous les temps sur Dame Agatha elle-même. Dans un épisode absolument, mais alors absolument trépignantissime. Dont je suis ressortie (et je n'étais pas la seule) avec l'envie de relire les nombreux romans qui sont cités, ou auxquels il est fait allusion dans l'épisode, envie, il faut bien le dire d'autant plus pressante qu'il y a parmi eux mes préférés parmi les préférés et que la perspective de lectures communes avec les copines n'est pas sans... saveur.
Sans plus attendre, voici donc The secret adversary!
Le second des romans écrits par Agatha Christie, qui reprit la plume pour tenter de trouver quelques revenus pouvant contribuer à aider sa mère quasi ruinée. Une conversation surprise dont une certaine Jane Fish était le sujet, les nombreux jeunes gens démobilisés autour d'elle et ce fut la naissance d'un couple qui vivra bien d'autres aventures sous sa plume: Tommy Beresford et Prudence Tuppence Cowley.
J'ai une tendresse particulière pour ces deux héros: Tommy et ses cheveux roux, son flegme, Tuppence et son énergie, sa tendance à foncer tête baissée dans les ennuis... Ils sont aussi touchant l'un que l'autre, surtout dans cet épisode où ils se tournent autour aussi incapables l'un que l'autre de s'avouer leur mutuelle passion. Mr Brown n'est pas un roman policier au sens strict, plutôt un roman d'espionnage, mêlant tractations secrètes entre gouvernements, naufrage, enlévements, complots, séquestrations et autres rebondissements qui s'enchaînent sans temps mort ou presque, le tout relevé par des personnages délicieux. Tommy et Tuppence bien entendu, mais aussi Julius Herscheimer américain jusqu'au bout des ongles, Annette, la glaciale Rita, sir James... Et déjà, Agatha Christie parvient à la perfection à faire tourner son lecteur en bourrique: le coupable était là, et bien là, presque depuis le début. Sous le nez des héros et des lecteurs. Évidemment, quand on le sait... C'est tellement évident! The secret adversary, Mr Brown dans ma traduction est en plus un roman aux accents modernes, avec ses héroïnes qui n'ont pas froid aux yeux, ne manquent pas d'humour, se lancent dans le mariage comme dans une grande aventure et sont même, même, capables de faire un effort dans les grandes occasions en faisant preuve de leur bonne éducation. Tuppence à cet égard est absolument adorable en fille de pasteur sortie du droit chemin. Et que dire de ces jeunes gens qui laissent toute la place qui leur revient à leurs compagnes! Je me demande dans quelle mesure Agatha Christie dévoile dans ce roman le désir d'aventure qu'elle comblera plus tard, en tout cas, il semble qu'elle y ait projété un peu le couple qu'elle formait alors avec Archie, son époux. On trouve là tout ce qui plus tard fera son succès et rendra ses romans inoubliables: ce ton tellement british, le style, l'art de l'intrigue. S'il est resté parmi ceux que je chéris, c'est sans doute parce qu'il a fait parti des premiers Christie que j'ai lu après le traditionnel Les dix petits nègres, mais aussi parce que c'est un roman réellement attachant, léger mais prenant et surtout, drôle. Du grand art Mme Christie!
Avec Fashion, Mo, Karine, Isil, Yue Yin, Pimpi...
Christie, Agatha, Mr Brown, dans Agatha Christie t.1, Les années 1920-1925, Le Masque, 1990
Et au fait!
07:00 Publié dans Polars | Lien permanent | Commentaires (7) | Envoyer cette note
18.10.2010
Panthère - Carl Hiaasen
On pourrait croire que quand votre professeur de biologie honnie et unanimement détestée disparaît dans de mystérieuses conditions, vous allez pousser un soupire de soulagement. Et bien non. En tout cas, pas quand on s'appelle Nick et que la situation apparaît un brin... compliquée.
Un polar. Un polar pour la jeunesse. Un polar pour la jeunesse avec de l'écologie au menu. Autant dire que les choses partaient mal entre Panthère et moi. Catégorie soupe à la grimace même. N'eusse été l'ardente obligatin professionnelle, je n'aurais sans doute pas envisagé une seconde d'ouvrir Panthère. Et j'aurais eu tord. Parce que c'est fichtrement bien écrit, parce que c'est drôle, parce que ça parle d'écologie sans en faire des tonnes et sans céder à l'effet de mode, parce que... C'est un sacrément bon moment de lecture!
Allons-y pour le détail et quelques explications, notamment sur ma légère crispation écologique. Ce n'est pas que je sois réfractaire à la chose, bien au contraire, mais l'effet de mode type coton 100% bio et équitablo-gentil pour la planète a tendance à me fatiguer un peu. Sans parler des gros plans avec musique dégouinante sur les bébés phoques. Tout comme la déferlante développement durable. J'aime qu'on me parle avec conviction et intelligence des choses et c'est ce que fait Carl Hiaasen. D'accord, il y a un méchant. Enfin, un crétin pour être plus exacte. Et un cupide. Et des inconscients. Mais Panthère, ce n'est pas seulement une lutte entre un méchant qui fait du mal à la nature et un gentil qui la défend. C'est la construction d'une conscience écologiste, l'envie de préserver son cadre de vie et la beauté de ce cadre de vie, la prise de conscience de l'importance de la biodiversité, de la nécessité de la protection des espèces en voie de disparition, c'est une jolie exploration sans jugement des différentes manière de lutter pour cela, entre activisme jusquauboutiste aux méthodes parfois sujettes à caution et engagement militant. Autour de ce thème fort, plein de belles choses sur l'amitié, les relations familiales, la marginalité, les apparences, la guerre, toute une trame qui rend le récit consistant et les personnages attachants, avec la touche d'humour et d'ironie parfaite pour éviter le pathos.
C'est simple et en même temps bourré de suspense et de surprises, de moments de tendresse et d'action. J'avoue avoir particulièrement aimé le fait que les personnages d'un autre roman de Hiaasen, pour adulte celui-ci, se retrouvent dans Panthère. Cela m'a donné envie d'aller ouvrir ses autres romans pour tout dire!
Hiaasen, Carl, Panthère, Gallimard jeunesse, 2010, 363p. 4.5/5
07:00 Publié dans Littérature jeunesse, Polars | Lien permanent | Commentaires (9) | Envoyer cette note
07.11.2008
Le gros coup
Robert and Brant, violents, indisciplinés, un brin ripoux, pas franchement beaux gosses. Robert and Brant que menace le coup de propre annoncé dans la police métropolitaine et qui sont bien décidé à ne pas laisser leur peau dans l'affaire. Reste donc à trouver le gros coup. L'idée imparable qui va les mettre définitivement à l'abri.
Il ya une chose que l'on peut reconnaître à Ken Bruen, c'est son don pour fabriquer des personnages complètement dingues: un flic irlandais cinglé, vulgaire et imprévisible (Brant donc), un flic anglais dont la femme fréquente un bordel et qui sombre dans l'alcool et la dépression (Roberts cela va de soi), une fliquette noire (Falls de son petit nom) qui tente de survivre dans un univers dont les paillettes ont sacrément perdu de leur brillant, un tueur en série qui s'attaque à l'équipe nationale de cricket, quelques junkies pas piqués des hannetons et autres. Tout ce beau monde s'agite à qui mieux mieux, essayant de tirer son épingle d'un jeu où il ne peut pas y avoir de gagnants, écoute de la musique, tente de rester à niveau et se bastonne.
Pour être franche, j'ai eu l'impression de retrouver l'univers des polars américains de mon père que j'avalais à la chaîne adolescente. Ceux dans lesquels il y avait des privés, des flics pas corrects, misogynes, racistes parfois, un humour aussi violent que les rebondissements de l'intrigue et des répliques pas franchement politiquement correctes. L'hommage à Ed McBain et son 87e district est d'ailleurs ouvert et vibrant. Et il faut bien dire que ça marche: on veut savoir où vont nos deux affreux, ce que vont devenir les (des)espoirs amoureux de Falls, on rit même parfois franchement à certaines situations et à certaines répliques. Ca se lit vite, avec plaisir. Mais j'avoue une petite déception: à mon avis, la psychologie des personnages est un peu sommaire, les rebondissements un peu attendus. Paradoxalement, malgré ce petit bémol, j'ai envie d'aller la suite de leurs aventures et d'aller faire un tour du côté de Jack Taylor! C'est qu'on s'y attache quand même aux affreux!
L'avis d'Yvon, celui de McOliversur Polarnoir.
Merci à Chimère qui me l'a envoyé dans le cadre du London Swap!
Ken Bruen, R&B - Le Gros Coup, Folio Policier, 2005, 272 p.
07:02 Publié dans Polars | Lien permanent | Commentaires (4) | Envoyer cette note | Tags : cricket, pendaison par noyade, ken bruen
15.07.2008
Un pied, deux pieds, trois pieds... Tiens, quatre pieds!
17 pieds et autant de chaussures gisent devant le cimetière de Highgate. Quelques courses poursuites, deux ou trois morts atroces, un voyage, une fusillade et des pelletées de nuages plus tard, Adamsberg va trouver le fin mot de l'histoire.
Il y a des livres dans lesquels on se glisse comme dans une paire de vieilles charentaises. Confortables, chaudes, agréables, on les retrouve les soirs de froid avec un plaisir immense. C'est exactement ce que je ressens avec chaque nouveau roman de Fred Vargas. Moi qui ne lis guère de polars en règle générale, je me jette dessus avec un bel appétit et il m'arrive même de relire les opus précédents, juste pour retrouver le temps de quelques pages mes héros préférés! Car c'est bien de retrouvailles dont il s'agit!
Evidemment, rien de nouveau sous le soleil: ceux qui n'aimaient pas Fred Vargas ne changeront pas d'avis, ceux qui l'aimaient resteront sur leurs positions! On retrouve ce style agréable, ces histoires sans queue ni tête, ces rebondissements improbables, cette galerie de personnages invraisemblables.
Fred Vargas nous entraîne en Angleterre, puis en Serbie après nous avoir baladés au Canada, utilise avec un certain talent le mythe du vampire en rationnalisme, peurs et croyances ancestrales. Elle prend le temps d'allusions à la situation politique et sociale, de quelques réflexions sur le monde comme il vient. On sourit, on rit parfois franchement, on se laisse prendre et on termine les 383 p. du roman sur les chapeaux de roues avec un pincement au coeur à l'idée qu'il faudra attendre encore un sacré moment avant de retrouver le pelleteux de nuages et sa fine équipe!
L'avis de Jean-Marc Laherrère dont je découvre le blog. Celui de Cathe et celui de Cathulu
Fred Vargas, Un lieu incertain, Viviane Hamy, 2008, 383 p.
15:00 Publié dans Polars | Lien permanent | Commentaires (8) | Envoyer cette note | Tags : adamsberg, vampires, fred vargas
18.02.2008
Du whooper et de Bubulle
15:00 Publié dans Polars | Lien permanent | Commentaires (20) | Envoyer cette note | Tags : stieg larsson
13.01.2008
Les hommes qui n’aimaient pas les femmes

Et pourtant je ne suis pas polar. J’ai arrêté d’en lire après une overdose post-adolescente et j’ai depuis le plus grand mal à me lancer ! Mais voilà ! A force d’entendre les théières en parler, de voir de ci de là des articles élogieux, j’ai fini par craquer et emprunter Les hommes qui n’aimaient pas les femmes à Tamara !
Il y en a sans aucun doute d'autres, mais... longue est la route, dur est le chemin, je vous laisse les trouver comme des grands!
Stieg Larsson, Les hommes qui n'aimaient pas les femmes, Actes Sud, 2006, 574 p.
15:00 Publié dans Polars | Lien permanent | Commentaires (28) | Envoyer cette note | Tags : stieg larsson