01.01.2012

Boneshaker et Clementine - Cherie Priest

boneshaker.jpg1880, la guerre civile fait rage depuis vingt ans aux États-Unis, la compétition entre les nations a amené dans son sillage des avancées scientifiques et technologiques qui sont autant de révolutions ou de désastres. Seattle est un de ces désastres: dévastée par un gaz mortel libéré par la machine créée par le Dr Blue, la ville est vidée de ses occupants et parcourue par des morts-vivants affamés.

Quand son fils passe le mur dans l'espoir de réhabiliter son père Briar Wilkes, veuve Blue n'a plus d'autres choix que de le suivre pour le sauver.

Des dirigeables, des machines incroyables, de l'aventure, de la baston, des morts-vivants, voilà du steampunk qui dépote et qui se laisse lire. Dans ce premier tome de la trilogie du Siècle Mécanique, Cherie Priest joue avec le huis-clos étouffant d'une ville morte disputée par les trafiquants, un savant fou, quelques fous vivant encore là, tout ce petit monde tentant vaille que vaille d'éviter d'être mordu par un de ces corps infectés par le gaz qui noie tout. Avec ce cadre, elle transforme une finalement banale histoire de passage à l'âge adulte et de révolte en une aventure qu'on prend plaisir à suivre de la première à la dernière page. L'aventure continue d'ailleurs dans le second volet, Clementine. On suit un des personnages secondaires dont on a fait la connaissance, capitaine de dirigeable et trafiquant, mais en ce concentrant cette fois-ci sur un chassé-croisé de pirates et d'espions qui dévoile un peu plus de l'épopée de la guerre civile.

Annoncé comme une trilogie, il semble que Le siècle mécanique voit se profiler un quatrième volume, ce qui je dois le dire, me rend assez curieuse de voir si, et comment l'auteur va développer cet univers qui, frustration, est finalement seulement esquissé dans ces deux premiers opus, au profit de l'aventure pure et dure. Non pas que ce soit rhédibidoire, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit, mais j'ai eu l'impression d'effleurer la surface de quelque chose qui aurait pu, et pourrait bien devenir absolument passionnant. Sinon, et bien restera de bons bouquins à lire au coin du feu pour satisfaire une envie de steampunk sans se fouler un neurone.

L'avis d'Alias, que je partage en grande partie. Lhisbei n'a pas du tout aimé (elle donne pléthore de lien merci à elle de me permettre de donner libre court à ma flemme)

 Priest, Cherie, Boneshaker, Clementine, Eclipse, 2011

06.09.2011

Les chroniques des féals - Mathieu Gaborit

chronique-feals-bragelonne.jpgBien des légendes courent sur cette Tour Ecarlate qui domine un petit village au coeur de l'Empire de Grif', mais aucune n'approche la réalité de cette guilde qui au sein de ces murs comme dans d'autres tours consacre ses forces aux Phénix. C'est là que Januel a trouvé refuge. Jusqu'au jour où son talent lui vaut d'être choisi pour faire renaître le Phénix de l'empereur et le met au centre d'une guerre sans merci contre la Charogne, royaume des morts qui veut rien moins que conquérir le monde des vivants...

Les chroniques des féals font partie de ces romans de fantasy qui me donnent envie de bougonner. Oui, bougonner (j'ai un doctorat en bougonnage et un master en soupir) . Parce qu'ils fourmillent de très bonnes choses, de belles trouvailles, de grands moments, mais malheureusement aussi de faiblesses qui les empêchent d'être de vrais bijoux du genre. La trame est certes classique, mais comment reprocher cela à Mathieu Gaborit quand 95% du temps, le lecteur se retrouve face à une jeune garçon/jeune fille aux talents hors du commun propulsés dans une ou des quêtes qui les dépassent un tantinet ? Ce n'est pas là-dessus que se portera l'expression de mon (très relatif) mécontentement. Je dirais même que l'auteur se tire avec les honneurs et un scénario qui ne manque pas d'originalité de l'exercice, mêlant zombies, créatures légendaires et magie en une histoire qui recèle quelques morceaux de bravoure, voire de la poésie. J'ai d'ailleurs beaucoup aimé les chemins que s'ouvrent les morts et leur royaume. Mais... On voit les ficelles et la narration, même de plus en plus maîtrisée est heurtée. Des éléments se dévoilent à des moments peu opportuns sonnant par là même artificiels, certains rebondissements semblent tomber du ciel... Quant à la naïveté du personnage principal, elle donne envie de hurler jusqu'à ce qu'on comprenne le pourquoi du comment et il ne laisse guère de place aux autres. Ceci dit, je râle, mais j'ai lu les 597 pages de l'intégrale avec plaisir et... il faut bien dire que le grand âge m'atteignant, je suis un chouilla pénible, voire pénible patentée! Aucune raison, donc, de se priver d'une tranche d'aventure!

Elbakin en parle.

Gaborit, Mathieu, Les chroniques des féals, Bragelonne, 2006, 597p., 3/5

26.08.2011

Succession - Scott Westerfeld

pocket05855-2006.jpg

Amis de la baston décérébrée, passez votre chemin, Succession, ou plutôt la succession de Les légions immortelles et Le secret de l'empire ne joue pas dans cette catégorie quand bien même les scènes de batailles à coups de canons laser ne manquent pas. Le fait est que j'aime Scott Westerfeld d'amour depuis V-Virus, et encore plus depuis Leviathan. Le fait est aussi que je n'avais jusqu'alors pas eu l'occasion de me pencher sur ses oeuvres pour les grands (après tout, s'il faut remplir une déclaration d'impôt, il faut aussi quelques compensations, et les oeuvres pour les grands de Westerfeld ainsi que le blouson en cuir de Gaiman et les serviettes en font partie, mais je m'égare). C'est chose faite.

Pour ceux que je n'ai pas encore perdus, un bref résumé de l'intrigue: un empire, un empereur immortel qui récompense les bons et loyaux services en octroyant l'immortalité dont il a percé les secrets, des opposants politiques qui n'aiment guère le pouvoir des morts, des adversaires dont le but est de répandre dans l'univers les pocket05902-2007.jpgconsciences composites (autrement dit, les IA), une prise d'otage, une guerre, un commandant promis à l'immortalité amoureux d'une sénatrice qui se bat contre l'immortalité, une révolution en gestation et j'en passe. Pas forcément très alléchant à vue de nez, mais Scott Westerfeld marie avec talent deux histoires d'amour et une guerre avec une intrigue qui fait courir ses ramifications du côté des intelligences artificielles, des dérives du pouvoir, des luttes politiques,  de la définition de l'humain quand il se marie avec l'artificiel. C'est un roman riche de ses personnages et de sa réflexion de fond, qui n'oublie pas l'action, bien qu'on puisse regretter quelques descriptions de batailles longuettes. Je ne peux pas m'empêcher de penser qu'un peu plus d'humour aurait allégé l'ensemble, j'aurais aimé que ce fameux secret qui fait courir les héros soit un peu plus fouillé, mais ne vous y trompez pas, j'ai beaucoup aimé (et je vais me jeter sur l'IA et son double. Ah zut, oublié sur un coin de mon bureau. Ben ce sera pour demain alors).

Nevertwhere,...

Westerfeld, Scott, Succession, Pocket, plein de pages mais pas tant que ça, 3.5/5

65254762.jpgAh oui, et ça compte double (ou pas) pour le Summer Starr Wars!

23.07.2011

Les trois vierges - Yslaire, Boccar

9782723439541_1_75.jpg9782723443173.gifTrois femmes de trente ans, conçues pour ce voyage, partent à la recherche du vaisseau Jupiter 4 parti quelques années auparavant. 50 ans de voyage, le huis-clos, inévitable, devient catastrophique lorsque la mission accumule les problèmes.

Je suis passée à côté de cette bande-dessinée en deux tomes comme je suis rarement passée à côté d'une bande-dessinée. Que dire... Que le format est intéressant? Indéniablement. Que le dessin est très beau? Aucun doute pour moi. Mais pour le scénario... La situation de départ est intéressante, sans rien de très original, certes, mais j'ai trouvé que de l'absence de vieillissement des trois héroïnes,  à la manière dont petit à petit la machine se détraque, en passant par les rancoeurs qui explosent, la folie qui s'installe,  rien de tout cela n'est exploité jusqu'au bout et les personnages n'ont pas eu à mes yeux suffisamment de substance pour que je prenne un intérêt réel à leur destin. Mais comme je n'ai jamais réussi à rentrer dans les univers développés par Sylaire, ce n'est sans doute pas très étonnant.

Une grosse déception donc, mais reste la technique, et la beauté de certaines cases, le vaisseau et l'espace.

Sylaire, Boccar, Trois vierges, t.1 Dyane, t.2 Atena, Glénat

65254762.jpg

 

 

Et encore une contribution au challenge Summer Star Wars!

21.07.2011

Crépuscule d'acier - Charles Stross

mnemos-icaressf55-2006.jpg"Une petite voix commença à parler:

- Bonjour? Tu veux bien nous distraire?"

 Pour la planète Rochard, satellite de la très conservatrice Nouvelle République, c'est le début de la fin: le Festival, civilisation vivant de l'information la survole et fait pleuvoir sur elle des téléphones un brin particulier: en échange d'une histoire, tous les voeux peuvent se réaliser. Autant dire que la révolution ne se fait pas attendre. Pas plus que la réaction de l'empereur qui envoie une flotte bouter l'envahisseur hors du système avec la ferme intention au passage de bousculer quelque peu la Loi de L'Eschaton sans avoir l'air d'y toucher. Ce que ne peuvent évidemment pas laisser faire Rachel Mansour, mandatée par l'ONU de la vieille terre, et Martin Springfield, ingénieur de son état, mais pas que.

Tout bien considéré, Crépuscule d'acier est un joyeux foutoir incluant une hutte à patte de poulet, des vaisseaux spatiaux dont l'équipage utilise un jargon proprement incompréhensible, une civilisation un chouilla victorienne, une malle aux ressources insoupçonnées, une entité mystérieuse, des bestioles bizarres, un amiral grabataire... J'en oublie, mais que voulez-vous, Charles Stross offre à ses lecteurs un univers pour le moins foisonnant, distillant petit à petit les informations nécessaires à sa compréhension, ce qui a provoqué chez moi, soyons honnête, quelques froncements de sourcils typiquement maiskeskyracontejcomprendsrien au départ. Et puis de fil en aiguille, je me suis laissée embarquer dans une histoire qui mêle avec bonheur l'aventure et une réflexion politique qui aborde des thèmes d'une actualité brûlante.

J'ai particulièrement apprécié la charge symbolique contenue dans la confrontation d'une entité totalement structurée par l'information et ses flux avec une société tentant de contrôler toutes les informations circulant en son sein. Non seulement Charles Stross sait tourner avec humour le choc qui en résulte, mais on perçoit en plus, sous-jaçente, la référence à Internet aujourd'hui. Ceci dit, Crépuscule d'acier ne se réduit pas à cela. Au travers de la Nouvelle République, c'est aussi l'occasion pour l'auteur de parler des révolutions, des sociétés réactionnaires, des régimes autoritaires, des conditions du changement mais sans jamais oublier de rendre les aventures de Rachel Mansour et de Martin Springfield savoureuses, tout comme celles qui attendent les révolutionnaires de planète Rochard. Tous ces personnages sont plutôt bien campés, et on prend plaisir à les suivre dans leurs aventures. Dommage que quelques petites longueurs émaillent l'ensemble, mais il n'y a là pas de quoi bouder le plaisir de découvrir un space opera haut en couleurs.

 

Le jeudi c'est citation.gif" Comme il voyageait en hutte à patte de poulet dans une contrée sauvage qui était récemment passée d'un féodalisme bucolique à un post-humanisme transcendant sans étape intermédiaire, Burya Rubinstein laissait ses pensées dériver en un rêve empli d'empires effondrés."

(La liste des participants est toujours par !)

 

 

Des avis sur Noosfère.

Stross, Charles, Crépuscule d'acier, Mnémos, 2006, 422p., 3.5/5

Et de deux contributions au challence Summer Star Wars du RSF blog!

65254762.jpg

11.07.2011

Gloriana - Michael Moorckock

gloriana.jpgHonte sur moi pour quelques générations (ou pas), je n'avais jamais lu Michael Moorcock. Une lacune qui ne pouvait rester impunie, mais voilà, devant la multitude de cycles en quarante-mille-douze tomes commis par le grand homme, je me sentais prise de faiblesse. Heureusement, la Grande-Science-Fiction est pleine de bienveillance, c'est un one-shot qui a atterri sur ma PAL. Et y est resté un sacré bout de temps.

Gloriana est un étrage objet littéraire. Écrit dans une langue précieuse, construit comme un conte cruel qui se moquerait des impératifs du genre dont le moindre n'est pas le fameux "Ils vécurent heureux", c'est une variation sur le thème du pouvoir, image déformée de l'histoire d'Elisabeth I d'Angleterre.  où Henry VIII est transformé en ogre avide de sang, où Arioch est invoqué à tout bout de champ, où la reine incarne une ère de paix et de prospérité, dont la fragilité se révèle au gré des intrigues de cour et des complots qui la minent. C'est brillant, inutile de le nier: Michael Moorcock se livre à une exploration intelligente des multiples visages du pouvoir et des passions humaines, qui n'édulcore rien de ce que les sens peuvent causer comme désastres. Les personnages sont pour la plupart superbes, à la fois archétypaux et complexes, des vieux conseillers à l'espion en passant par une reine déchirée entre son devoir et ses drames de femme. Les descriptions du palais et de ses habitants emportent dans un luxe et une magnificence qui se font au détour d'une salle inquiétants, morbides, voire sordides. Dommage que le récit soit plombé par des longueurs et par un style par moment trop travaillé.

J'en retire un sentiment étrange, fait d'admiration, et d'un léger ennui, et en tout cas la contentement d'avoir enfin découvert un petit bout de l'oeuvre de Moorcock.

Moorcock, Michael, Gloriana ou la reine inassouvie, Folio SF, 2000, 569p., 3.5/5

09.07.2011

Au nord du monde - Marcel Theroux

aunorddumonde.jpgAu Nord du monde, dans la petite ville d'Evangeline, le sherif Makepeace continue à surveiller, solitaire, les rues désertées, sauvant ce qui peut l'être des ruines qui l'environnent, se défendant parfois contre les quelques hommes et femmes qui passent, survivants de moins en moins nombreux de la catastrophe qui a dévasté le monde.  Mais au coeur de ces terres abandonnées, les preuves de la survie de l'humanité se multiplient, poussant Makepeace à prendre la route.

Il va être atrocement difficile de parler de ce superbe roman sans dévoiler les surprises qui en font le sel, mais en matière de roman post-apocalyptique, Marcel Theroux a su tirer son épingle du jeu de belle manière.

Des catastrophes qui ont dévasté le monde, provoqué des mouvements de population massifs, des guerres et la chute de la civilisation, le lecteur ne saura pas grand chose, juste ce que Makepeace peut en raconter, vu de sa ville du bout du monde. Réchauffement climatique, montée des eaux, ce n'est pas tant cela qui importe que ce que devient alors l'humanité tous ses instincts tournés vers la survie. Pas besoin de partir explorer le vaste monde, Evangeline vaut exemple de ce qui a du se produire partout, quand la morale, les lois, la foi même vacillent, à plus forte raison que c'est à l'effondrement d'une utopie que Makepeace a assisté, celle d'une colonie fondée par des Quakers, attachée à des valeurs de fraternité et de paix, à une foi, et dont il ne reste finalement qu'une coquille hantée par son shérif.

Personnage magnifique que Makepeace dont on découvre petit à petit l'histoire, plein de surprises, attachant jusque dans ses failles, pris au piège d'un monde bien plus violent que la nature aride qui l'entoure. On suit son voyage avec la peur au ventre, on sursaute, on frémit, pris par ce mélange étrange de western, de science-fiction mâtiné de nature writing parfaitement maîtrisé et mené qui mène le lecteur dans une exploration sans pitié de la nature humaine.

Un texte fort, magnifiquement écrit (et magnifiquement traduit), profond, qui devrait faire le régal aussi bien des amateurs de science-fiction que des autres.

 

« Étrange, à quel point l’homme n’est jamais plus cruel que quand il se bat pour une idée. »

Tout est de la faute de Cuné, Keisha a aimé (et donne plein de liens vers d'autres billets)...

Theroux, Marcel, A Nord du monde, Plon,  2010, 296p., 5/5

04.07.2011

La voie des furies - David Weber

LaVoieDesFuries.jpgLes pirates qui ont attaqué Mathison ne savaient pas que s'y trouvait l'ex-capitaine Alicia de Vries, commando de choc du Cadre Impérial. Grosse erreur. Laissée pour morte après qu'elle ait abattu ceux qui avaient massacré sa famille, elle survit, sauvée par Tisiphone, l'une des trois Erinyes qui jure de l'aider à accomplir sa vengeance en échange de son âme. C'est le début d'une quête qui va mener la jeune femme au coeur d'un complot qui menace rien moins que l'Empire.

Amis de la finesse et de la délicatesse, passez votre chemin. Autant le dire immédiatement, La voie des furies joue dans la catégorie gros-rouge-qui-tache du Space Opera. Ce n'est donc pas là qu'il faut chercher un décryptage des luttes de pouvoir interstellaires, une étude des arcanes politiques assaissonnée d'analyse psychologique. Ce n'est pas pour autant que ce n'est pas bon, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit. Il y a des aliens, de la baston, des guets-apens, du trafic, de l'arnaque à revendre, un univers plutôt pas mal conçu et aucune raison de bouder son plaisir. D'autant que la relation entre Alicia de Vries, l'Erinye qui a élu domicile sous son crâne et, plus tard une I.A. pas piquée des hannetons est plutôt réjouissante. Imaginez donc une minute une créature mythologique confrontée au nec le plus ultra de la technologie et évoluant au fur et à mesure qu'elle se frotte à une jeune femme dont la force d'esprit va de pair avec quelques solides valeurs morales laquelle fusionne avec ce qui se fait de mieux comme I.A.. David Weber développe en tout cas suffisamment son, ou plutôt ses personnages principaux pour qu'on s'y attache un minimum et qu'on voit s'esquisser une réflexion qui si elle n'a rien de révolutionnaire, a le mérite d'exister sur la justice et la vengeance. Même si au final les méchants sont bien les méchants, et les gentils, les gentils et que c'est par les armes que la paix et la sérénité seront rendues aux braves habitants de l'univers.

Bref, un bon roman d'action, qui ne foule pas un neurone, mais n'est pas non plus fait pour et ne ment pas sur la marchandise. C'est un peu Expendables au pays des étoiles, et ceux qui me connaissent devinent, arrivés à ce point, que j'ai, bien évidemment, beaucoup aimé (oui, je sais, je sais).

 

Ceci est ma première contribution au Summer Star Wars du RSF blog!

65254762.jpg

27.06.2011

Moi, Jennifer Strange, dernière tueuse de dragons - Jasper Fforde

jennifer strange165x260.jpg" A une époque, j'ai été célèbre. on a vu ma tête sur des t-shirts, des badges, des tasses à tgé et des posters. J'ai fait la une des journaux, je suis passée à la télé, et j'ai même été invitée au Yogi Baird Show. Le Quotidien des palourdes m'a proclamée "L'adolescente la plus remarquable de l'année" et j'ai été élue femme de l'année par Mollusqu-Dimanche. On a deux fois essayé de me tuer, on m'a menacée de la prison, j'ai reçu seize demandes en mariages et j'ai été déclarée hors-la-loi par le roi Snodd. Tout cela et plus encore, et en moins d'une semaine.

Je m'appelle Jennifer Strange"

Outre le chocolat, il y a quelques petites choses qui ont tendance à me rendre étrangement compulsive, voire obsessionnelle. La sortie d'un nouvel opus de Jasper Fforde en fait partie. Rapport sans doute avec le fait que son imagination délirante a tendance à me faire a minima sourire bêtement, sourire qui a tendance à se transformer en gloussements qui eux-mêmes... Bref, vous avez sans doute saisi l'idée.

Or donc. Jennifer Strange. Digne petite frangine de Thursday Next pour l'aplomb et la tendance à se retrouver embringuée dans des situations pas possible, mais qui se balade, elle, dans un univers qui mêle allégremment et avec talent références à notre monde et magie. Le tout assaisonné avec l'humour pince-sans-rire et le sens du rythme qui m'ont séduits dès L'affaire Jane Eyre. On trouve au fil des pages et pêle-mêle: une épée qui répond au doux nom d'Exhorbitus sans doute parce qu'elle a couté très cher, un Quarkon très, mais alors, très laid, des dragons, des chevaliers dont les affiches format poster ornent les chambres adolescentes, un roi un tantinet tyrannique, une dracomobile, des magiciens complétement barrés, des bienheureuses du Homard et des enfants trouvés, des dragons qui font peur. Le tout donne un récit initiatique fort bien troussé qui s'avère bien plus profond qu'il n'en a l'air, et se paie le luxe de parler avec drôlerie et finesse des travers du mercantilisme, de la cupidité humaine, de la préservation de la nature, des médias, et de quelques autres petites choses. .

Autant dire que j'attend la suite avec impatience et vais guetter les nouvelles sorties de la collection Territoires dont les premiers pas sont plus que prometteurs!

Emmyne a aimé.

 

Fforde, Jasper, Moi, Jennifer Strange, dernière tueuse de dragons, Fleuve Noir, 2011, 294p., 4/5

05.04.2011

Les chants de la terre lointaine - Arthur C. Clarke

Les-Chants-de-la-Terre-lointaine.gifLa Terre se meurt et les derniers représentants de l'espèce humaine prennent place à bord du Magellan avec l'espoir d'atteindre, après un voyage de plusieurs centaines d'années., une nouvelle planète. Au cours d'une escale sur une planète océan, Thalassa,  colonisée longtemps auparavant par des vaisseaux-semeurs, l'équipage du Magellan rencontre des humains pour qui la Terre est un lointain souvenir. Qui des deux va le plus apporter à l'autre?

Les chants de la Terre lointaine parle de fin du monde, d'exil, de deuil, et pourtant, c'est un roman qui déborde de tranquillité. Pas si paradoxal que ça puisque finalement, la mort de la Terre est le prétexte à imaginer la rencontre entre terriens et une civilisation autre née de la colonisation d'une planète. D'un côté des êtres humains détenteurs d'une technologie avancée, héritiers d'une histoire longue et témoins de la fin d'une ère, de l'autre, une société pacifique, athée, ouverte, qui ne sait de la Terre que ce qui a été transmis dans les archives du vaisseau-semeur. Arthur C. Clarke raconte un choc des cultures et un enrichissement réciproque, s'attachant plus particulièrement à quelques destins et esquissant au passage quelques pistes de réflexion sur la religion, le devenir de l'humanité, les évolutions d'un groupe humain confronté à l'inconnu. Dommage que la question des espèces intelligentes non humaines soit abordée seulement comme une aventure, et que le devenir de Thalassa et de ses habitants, confrontés à la menace que représente cette intelligence née de l'évolution et le changement que représente la présence de certains des visiteurs restés sur leurs terres soient effleurés, mais finalement, là n'est pas le coeur de ce roman qui s'attache à l'humain plus qu'à l'aventure, à un intermède dans un combat dont on ne connaîtra pas l'issue. C'est du coup de l'aventure sans aventure, une rencontre improbable qui se déroule dans une sérénité bonne enfant dont on prend plaisir à découvrir les tenants et les aboutissants, mais se sentir vraiment remué et interrogé. Mais le voyage est indéniablement plaisant!

Cachou, pas très convaincue,...

Clarke, Arthur C., Les chants de la Terre lointaine, Milady, 2010, 352p., 3,5/5

Toutes les notes